Intervention de Bernard Seillier

Mission commune d'information sur les politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion — Réunion du 1er avril 2008 : 1ère réunion
Audition du général marcel valentin président du conseil d'administration de l'établissement public d'insertion de la défense

Photo de Bernard SeillierBernard Seillier, rapporteur :

a interrogé l'intervenant sur les critères de sélection des jeunes, la procédure de création des centres, le profil socioéconomique des stagiaires, leur taux de réinsertion au terme de la formation, les conséquences de la fin de la conscription sur l'insertion des jeunes, ainsi que les lacunes du système français de solidarité et les moyens de l'améliorer.

En réponse, le général Valentin a apporté les précisions suivantes :

- la sélection des stagiaires s'effectue lors des journées d'appel de préparation à la défense (JAPD), qui ont montré que 60.000 des 800.000 jeunes s'y rendant chaque année étaient dans une situation d'échec. Ces derniers, qui se voient alors remettre des informations sur les centres « deuxième chance », sont à nouveau contactés par l'établissement lorsqu'ils sont proches de la majorité afin de leur proposer d'intégrer la formation. Parallèlement, les missions locales d'insertion (MLI) orientent également certains jeunes vers les centres. Au total, environ 40 % de stagiaires sont repérés lors des JAPD, 40 % envoyés par les MLI, le solde étant constitué de jeunes découvrant l'existence du dispositif à travers le site Internet de l'EPIDe, qui connaît un réel succès. La sélection des jeunes retenus pour suivre le programme de formation intervient à leur arrivée dans les centres, ceux présentant des fragilités physiques ou psychiques trop importantes, qui nécessitent des soins plus spécifiques, étant écartés ;

- la création des centres doit répondre à quatre critères que sont l'existence d'un « vivier » suffisant de jeunes en difficulté, d'un bassin d'emploi en vue d'une insertion professionnelle de proximité, d'infrastructures immobilières adaptées et de militaires à la retraite prêts à s'investir dans le projet. Une volonté politique forte de promouvoir le développement de ces centres a toutefois abouti à décider de la création de plusieurs d'entre eux alors que ces quatre critères n'étaient pas remplis, ce qui va conduire à la fermeture prochaine de trois centres ;

- le rayonnement des jeunes issus de ces centres dans leur milieu d'origine, où ils constituent de précieux relais d'influence, constitue un important instrument de lutte contre l'exclusion. Le renforcement de l'encadrement scolaire, par exemple dans les zones d'éducation prioritaire (ZEP), à travers la présence dans les classes de « sur-répétiteurs » maintenant l'ordre ou de tuteurs aidant individuellement les élèves en difficulté, permettrait d'atteindre le même objectif tout en assurant une reconversion aux militaires risquant d'être touchés par la réduction à venir des armées.

A M. Bernard Seillier, rapporteur, qui l'interrogeait sur les effectifs des centres, le général Valentin a indiqué que la taille optimale était d'environ 240 jeunes, voire 380 à condition d'adjoindre à un centre principal un centre satellite plus petit, mais que les plus grands en comptaient aujourd'hui 200. Il a souligné la difficulté d'accueillir et de gérer des jeunes qui, pour certains, cherchent en s'inscrivant dans ces centres à échapper à un règlement judiciaire de leur dossier.

Précisant que la durée moyenne de formation était d'un an, il a insisté sur le nombre important d'abandons, 40 % des jeunes, incapables de se soumettre à une discipline et d'acquérir des repères, arrêtant la formation au bout de deux mois. Il a néanmoins relevé que les trois-quarts de ceux poursuivant le cursus se voyaient proposer à leur sortie un emploi durable de type contrat à durée déterminée ou contrat de formation en alternance, leurs employeurs appréciant leur comportement plus encore que leurs aptitudes. Il a établi une comparaison avec le contrat d'insertion dans la vie sociale (CIVIS), dont seulement 42 % des bénéficiaires obtiennent un tel emploi durable.

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