Je salue votre rapport remarquable mais en partie ambivalent dans ma région Nord-Pas-de-Calais. Lens a accueilli l'antenne du Louvre. Le fonctionnement et l'investissement sont à la charge des collectivités territoriales et la direction reste au Louvre. Il a fallu beaucoup de patience et d'indulgence aux collectivités territoriales pour que le chantier progresse. Nous avions suggéré que le Louvre augmente le prix de son billet d'entrée d'un euro et qu'il reverse le montant à sa filiale Louvre-Lens. Après de nombreuses protestations, il a effectivement augmenté sa politique tarifaire, mais pas à notre bénéfice. Je me pose également des questions quant à l'accès gratuit des bâtiments, l'utilisation du « pactole » d'Abou Dabi et la répartition des crédits entre les territoires.
M. Jean Picq, président de la 3e chambre de la Cour des comptes. - Le privilège du métier de la Cour est de juger le passé plus que de se projeter dans l'avenir. Toutefois, notre rapport donne aux élus et aux responsables de collectivités territoriales des armes pour se battre. Le responsable du musée du Louvre a accueilli ce rapport avec beaucoup de réticences. Il ne peut pas tout faire. Il a ses propres contraintes (nouveaux projets, obligations internationales ...). Ce n'est pas notre rôle de juger quelles sont les priorités des musées. Il ne s'agit pas d'imposer aux musées la redistribution de leurs oeuvres et de leurs moyens. Nous pouvons juste émettre quelques recommandations afin de rééquilibrer la politique territoriale des musées. Dans le cadre de la politique tarifaire, l'État peut tout à fait réfléchir à une juste redistribution d'une hausse des tarifs.
Sur la gratuité, nous n'avons pas à porter de jugement. Nous constatons une grande diversité d'opinions sur l'intérêt de cette mesure, les grands musées étant assez réservés sur ce point. Si la compensation de la gratuité est si compliquée, pourquoi ne pas se diriger vers une politique en faveur du public ?
Il n'est pas question pour la Cour de s'immiscer dans les relations entre le Louvre-Lens et les collectivités territoriales concernées. En revanche, le rapport de la Cour signale que les collectivités peuvent s'appuyer sur une action territoriale plus équilibrée et sur la diversification des publics. Ensuite, c'est un rapport de force, c'est une discussion. Un équilibre se construit, ça ne se décrète pas.