Intervention de Emmanuel Giannesini

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 6 juillet 2011 : 1ère réunion
Musées nationaux — Audition de M. Jean Picq président de la 3e chambre de la cour des comptes

Emmanuel Giannesini, conseiller référendaire :

Sur la question de Chambord et du mécénat en nature, nous n'avons pas eu connaissance d'autres opérations avec un tel écart entre l'estimation initiale et les travaux réellement effectués. La recommandation de bon sens que nous faisons est que, dans le cadre de mécénat en nature, il faut absolument une expertise à partir d'un certain seuil. Dans l'exemple de la rénovation de la galerie des glaces à Versailles, qui a coûté 12 millions d'euros, nous n'avons pas eu d'estimation initiale.

S'agissant des créations d'emplois, sur les 900 créations, 400 sont dues au redéploiement d'emplois de la Réunion des Musées nationaux (RMN) et 500 sont des créations nettes.

La question de la gestion des files d'attente n'entre pas dans notre champ de compétences. Toutefois, nous avons pu constater certaines grilles horaires très séquencées, d'autres au contraire très figées. Certains musées utilisent l'instrument de la jauge (nombre maximum de personnes dans un musée dans sa globalité ou dans une salle) et d'autres pas du tout.

Concernant le Louvre-Lens, on n'a pas d'expertise sur l'accord qui lie le musée, la ville et la région.

Enfin, le débat sur la gratuité est complexe et la gratuité n'est pas, en elle-même, un élément de démocratisation. Par contre, la nouveauté joue beaucoup et là, la gratuité évite le phénomène de barrière. La gratuité a un sens les premières années de l'ouverture d'un musée.

Le Metropolitan Museum of Art (Met) de New York a fait l'expérience de donner aux enfants qui venaient dans le cadre d'une visite scolaire, un billet gratuit pour qu'ils reviennent avec leur famille. On passe d'une visite scolaire obligatoire à une visite familiale libre. Cela a un effet démultiplicateur. Cela ne coûte rien au musée car il s'agit d'un phénomène marginal qui affecte un public qui ne serait pas venu sans cette démarche. Cela donne en plus à l'enfant un rôle prescripteur. En France, les grands musées nationaux ont eu tendance à infléchir leur politique en direction des milieux scolaires.

Enfin, la manne d'Abou Dabi, de 400 millions d'euros, a été promise à de nombreux projets. Il y a une controverse entre le ministère de la culture qui estime que cet argent doit servir à financer le centre de réserve de Cergy-Pontoise, et, parallèlement, le Louvre qui estime avoir un droit de regard et qui souhaite utiliser cette somme pour la mise aux normes de la protection incendie et de secours ainsi que pour la rénovation de ses structures d'accueil. Cela laisse peu de place aux autres projets.

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