Intervention de Jean-Pierre Maulny

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 12 octobre 2010 : 1ère réunion
Union européenne et défi de la réduction des budgets de défense — Audition de M. Jean-Pierre Maulny directeur-adjoint de l'institut des relations internationales et stratégiques iris

Jean-Pierre Maulny :

Le budget militaire de la France représente aujourd'hui moins de 2% du PIB, contre 3% dans les années 1980. Il y a donc eu désarmement depuis la fin de la Guerre froide. La chute du mur de Berlin aurait dû inciter les pays européens à construire leur autonomie de défense, hors de l'Otan. Nous l'avons fait, d'une certaine manière, avec la PESD depuis la déclaration de Saint-Malo de 1998 et les conseils européens de Cologne et d'Helsinki en 1999 et la restructuration de l'industrie d'armement européenne -je vous renvoie aux déclarations des chefs d'État et de gouvernement de la France, du Royaume-Uni et de l'Allemagne en 1997. Aujourd'hui, cette volonté politique fait défaut, certains pays cherchant à protéger à court terme leurs emplois et leurs capacités. Jusqu'à présent la France, si j'ose dire, a joué « petit bras » mais il est évident qu'il est plus difficile de négocier dans l'Europe des 27 que dans l'Europe des quinze : cela impose de chercher de nouveaux alliés. Les Britanniques, par exemple, refusent d'envoyer des représentants de la Défense au séminaire que nous organisons avec les autres think tanks européens. Autrement dit, ils refusent toute discussion sur la défense au niveau multilatéral. Le couple franco-allemand fonctionne mal sur les questions industrielles de défense. Pour autant, je suis plutôt optimiste concernant l'Allemagne : l'actuelle réduction budgétaire marque une simple pause dans un processus de récupération de leur souveraineté via l'armement ; processus bénéfique à la France, contrairement au précédent historique du XXe siècle. Prenons l'A 400 M : ils ont eu les yeux plus gros que le ventre : ils en ont commandé 72 sans avoir les moyens de les financer !

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