Intervention de Luc Vigneron

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 31 mai 2011 : 1ère réunion
Évolution de l'industrie de défense en france — Audition de M. Luc Vigneron président-directeur général de thales

Luc Vigneron, président directeur général de Thales :

Non l'avionique n'est pas concernée, car c'est ce qui avait fait échouer le projet d'accord l'an dernier. L'avionique est dans le coeur de métier de Thales. Le transfert de cette activité aurait été un démantèlement du groupe. Aujourd'hui nous sommes dans une démarche constructive. Chacun accepte le principe de transferts dans des domaines où l'autre est objectivement le plus fort. C'est une démarche « gagnant-gagnant », positive pour l'industrie française dans son ensemble. Il nous reste à nous mettre d'accord sur la valorisation, ce qui est toujours un processus difficile. Je reste prudent sur l'échéance à laquelle cette discussion pourrait être finalisée. Comme le volume des activités transférées par Safran devait être supérieur à celui transféré par Thales, il faudrait rétablir l'équilibre par une soulte à définir. Tout cela prend du temps et de la réflexion, mais avec les hypothèses actuelles, l'opération fait beaucoup de sens.

Pour ce qui est de DCNS, notre option pour un passage de 25 à 35 % dans le capital est ouverte jusqu'en mars 2012. Nous prenons le temps nécessaire pour analyser toute les données du problème avant d'arrêter notre décision.

S'agissant de Nexter, je ne suis officiellement saisi d'aucune demande. C'est à l'Etat, détenteur de 100 % du capital de Nexter, de voir comment il souhaite la consolidation du secteur, notamment de dire s'il faut la rechercher en national ou en européen. Bien entendu, cette question ne laisse pas Thales indifférent. Dans le domaine des armes, des blindés et des munitions, nos différentes activités en France, en Belgique et en Australie représentent environ 500 millions d'euros de chiffre d'affaires. Elles ont donc également vocation à participer à de futures consolidations, ne serait-ce que parce qu'elles visent des marchés très difficiles à l'exportation, et qu'il convient de faire progresser notre rentabilité. Notre intérêt pour Nexter sera fonction du schéma que l'Etat retiendra éventuellement pour cette entreprise.

En tout état de cause, notre entrée au capital d'autres sociétés ne pourrait se justifier que si elle repose sur une véritable logique industrielle, c'est-à-dire sur des synergies commerciales, organisationnelles et technologiques. Thales se veut un groupe industriel, pas une Sicav de la défense.

Concernant la défense anti-missile balistique (DAMB), c'est un sujet d'intérêt majeur pour Thales. Notre joint venture avec l'américain Raytheon, Thales Raytheon Systems (TRS), développe le système de contrôle des opérations aériennes de l'OTAN : l'ACCS LOC-1 (Air Command and Control System). Il s'agit probablement du plus grand logiciel « temps réel » hors marché US. Il comporte plus de 10 millions de lignes de codes. Une étude décidée par l'OTAN au sommet de Lisbonne nous a été confiée pour commencer d'étendre les fonctionnalités de ces moyens de commandement à la défense antimissile. Le système ACCS LOC-1 deviendrait ainsi le noyau du système de communication-commandement d'une future DAMB.

La défense anti-missile balistique suppose des capteurs. Notre filiale des Pays-Bas, Thales NL, propose de faire évoluer les radars de surveillance SMART L des frégates de type Aegis néerlandaises, l'équivalent du S1850 qui équipe les frégates Horizon françaises et italiennes, pour le doter d'une capacité d'alerte contre les missiles balistiques.

De plus, avec notre projet de radar GS 1000, nous proposons à la France une évolution de nos radars terrestres de défense aérienne pour permettre la détection, l'acquisition et la poursuite de missiles balistiques.

Par ailleurs, le SAMPT, dont nous sommes avec MBDA les co-maîtres d'oeuvre, constitue un système d'armes apte à prendre à partie des missiles balistiques de courte portée. Il a en effet démontré récemment ses capacités de premier plan face aux missiles de ce type dont la prolifération est aujourd'hui la plus préoccupante.

Enfin concernant l'alerte avancée, nous travaillons également sur le projet de radar très longue portée (TLP).

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