Intervention de Luc Vigneron

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 31 mai 2011 : 1ère réunion
Évolution de l'industrie de défense en france — Audition de M. Luc Vigneron président-directeur général de thales

Luc Vigneron, président directeur général de Thales :

Sur la défense anti-missile, un triptyque constitué du SAMP/T, du radar GS 1000 et des moyens de commandement adaptés issus de l'ACCS fournirait déjà une première capacité de défense contre des missiles de portée intermédiaire jusqu'à environ 1000 km. Nous sommes ici dans une gamme de coûts se chiffrant en centaines de millions d'euros et non en milliards. Cette première capacité accessible d'ici 4 à 5 ans permettrait à la France de protéger ses forces projetées et ses bases avancées et de se positionner ainsi favorablement au sein de l'alliance.

Les Pays-Bas poursuivent sur une voie parallèle, avec l'amélioration de leur radar SMART L utilisable pour une composante DAMB navale. Le marché d'étude correspondant qui serait passé à notre filiale néerlandaise représenterait un montant significatif.

Concernant l'alerte avancée, nous considérons que le segment spatial avec SPIRAL et le segment terrestre avec le radar TLP sont complémentaires et non concurrents ; l'un détecte le départ du missile, l'autre permet de déterminer sa zone d'arrivée probable. La combinaison des deux permet d'optimiser l'alerte aux populations ou aux forces visées et de déclencher efficacement une éventuelle interception du missile assaillant.

Je crois que ces sujets méritent des discussions entre gouvernements européens.

S'agissant des perspectives budgétaires, nous sommes bien entendu inquiets, d'autant que dans les pays qui ont opéré des restrictions, les mesures effectivement arrêtées s'avèrent encore plus sévères que ce qui avait été annoncé. Face à cette situation, nous accentuons nos efforts à l'exportation, nous jouons de la dualité de nos activités, puisque le secteur aéronautique civil redémarre, mais nous sommes également contraints de réduire nos coûts. Nous avons mis en oeuvre, sur plusieurs de nos sites, un programme d'adaptation de l'emploi prévoyant des départs sur la base du volontariat, et nous conduisons à l'échelle du groupe tout entier un vaste programme d'augmentation de performance. Il n'en demeure pas moins vrai que nous avons absolument besoin que l'Etat maintienne un niveau d'effort très significatif en matière d'études amont sans lequel nous ne pourrons pas maintenir nos technologies à hauteur des besoins futurs. De plus, le maintien du dispositif actuel du crédit impôt recherche nous paraît tout aussi nécessaire pour favoriser l'exercice de la R&D par nos entités françaises et générer de l'emploi aussi chez nos fournisseurs, PME-PMI françaises pour une grande part.

La coopération franco-britannique découle d'une démarche pragmatique et logique. C'est le seul moyen, pour les deux pays, de conserver des compétences dans un certain nombre de domaines d'ici 15 à 20 ans. Mais cet objectif sera nécessairement long à mettre en oeuvre. Beaucoup de programmes d'armement sont déjà lancés et c'est essentiellement sur les études amont et les démonstrateurs qu'il y a des marges de manoeuvre.

Le Traité franco-britannique offre de grandes opportunités pour Thales qui, je le rappelle, emploie 33 000 personnes en France et 8 500 au Royaume-Uni.

Thales ne demande qu'à rationaliser plus profondément ses activités de part et d'autre de la Manche. Nous l'avons proposé dans le domaine des sonars, où la rationalisation a été réalisée pour les sonars de surface mais pas pour les sonars sous-marins. C'est aussi vrai dans le domaine des drones où nous proposons une coopération entre les deux Armées de Terre sur la base du système de drones tactiques Watchkeeper que nous développons avec la Grande-Bretagne, et qui sera opérationnel dès la fin de cette année. Nous espérons sur ce point des initiatives volontaristes des deux gouvernements.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion