Si nous avons entrepris ce travail de dix-huit mois pour rédiger un nouveau rapport sur l'obésité, c'est pour dissiper certains lieux communs. Afin d'établir des stratégies de traitement et de prévention sur des bases scientifiques, nous avons parcouru la France, procédé à 234 auditions, visité nombre de centres de nutrition, dont 79 à l'étranger.
Quelles sont les caractéristiques de l'obésité ? L'évaluation clinique de cette maladie est complexe. On se fonde généralement sur l'indice de masse corporelle mais sa valeur prédictive est faible ; le tour de taille est un facteur de risque métabolique plus important.
Les causes de l'obésité sont complexes. Mentionnons d'abord les déterminants génétiques : le plus souvent, plusieurs gènes sont en cause. Il existe aussi des déterminants biologiques : l'homéostasie énergétique - équilibre entre l'alimentation et la dépense énergétique - et la régulation hédonique de la prise alimentaire : la prise alimentaire est modulée par des facteurs sensoriels ; les facteurs homéostatiques finissent par avoir un pouvoir limité dans un environnement où la nourriture est omniprésente. D'ailleurs les gens marchent de moins en moins et les prix des produits alimentaires ont fortement baissé.
Parmi les déterminants précoces, il faut citer un poids trop faible ou trop important à la naissance, une croissance trop précoce et les expositions foetales, notamment l'éventuel surpoids de la mère.
Les comportements individuels sont également déterminants. « Dix minutes de marche à pied, c'est bon pour la santé », a-t-on coutume de dire. La sédentarité favorise l'obésité, ainsi que le temps passé devant un écran de télévision ; la lecture, au contraire, requiert un effort intellectuel consommateur d'énergie. Le goût pour les boissons sucrées et le grignotage ont des effets évidents, de même que les troubles du comportement alimentaire. Plus méconnues sont les conséquences du manque de sommeil, notamment chez les enfants ; car on dort de moins en moins.