Intervention de Yves Aubin de la Messuzière

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 14 janvier 2009 : 1ère réunion
Situation dans les territoires palestiniens — Audition de M. Yves Aubin de la messuzière ancien ambassadeur chercheur à l'institut d'études politiques de paris et de M. Jean-François Legrain chargé de recherche pour le cnrs

Yves Aubin de la Messuzière, ancien ambassadeur, chercheur à la chaire Moyen-Orient et Méditerranée :

a rappelé la phrase d'Henry Kissinger selon laquelle « Israël n'a pas de politique étrangère, mais une politique intérieure ». Il a souligné l'extrême fragmentation de la scène politique israélienne, marquée par l'affaiblissement du Likoud et du parti travailliste. Aucun des premiers ministres israéliens de ces dernières années n'est allé jusqu'au terme de son mandat. L'échec des négociations de Camp David en 2000 s'explique en grande partie par l'imminence des élections israéliennes. Il faut noter qu'Ehoud Olmert a fait des déclarations sur le retour aux frontières de 1967 et sur Jérusalem capitale de deux Etats après avoir démissionné de son poste de premier ministre. Les dirigeants israéliens n'ont pas réellement de vision stratégique et s'inscrivent dans une vision de court terme qui est de garantir la sécurité du pays.

Le seul espoir dans ce dossier réside dans une véritable implication de Barak Obama dès son entrée en fonction : l'histoire montre que, comme en 1991, quand un bras de fer est entamé à l'initiative des Etats-Unis, Israël recule.

Il a estimé que l'Etat binational était une chimère alors que l'on évoque l'existence de plans pour déplacer les Arabes israéliens et assurer ainsi le caractère juif de l'Etat d'Israël. Ce n'est acceptable ni par les Palestiniens, ni par le monde arabe, ni par la communauté internationale et on peut donc se préparer à des violences.

Si, en situation de conflit, l'opinion israélienne se range derrière l'armée, il faut cependant souligner qu'une majorité d'Israéliens sont favorables, en période de calme, à un Etat palestinien viable dans les frontières de 1967 avec Jérusalem pour capitale. La réalité d'Israël n'est pas celle des 400 000 colons, mais celle des habitants des grandes villes.

Le Hamas a opéré une mutation politique et idéologique. Le mouvement a longtemps refusé de participer aux élections, au motif que ce serait reconnaître l'existence de l'Etat d'Israël ; il y participe désormais. Ce changement s'est concrétisé par des déclarations publiques évoquant « un Etat palestinien dans les frontières de 1967 ». Dans les entretiens avec les dirigeants du Hamas, Israël est reconnu comme une réalité. Le mouvement s'autolimite parce qu'il pense qu'il est trop tôt pour prendre le pouvoir. Il n'a pas à ce stade de stratégie de conquête de l'OLP mais une stratégie de représentation et d'influence en son sein. Il avait d'ailleurs proposé, dans un premier temps, de constituer un gouvernement où le Hamas serait minoritaire. La direction politique est une direction pragmatique, qui devrait être maintenue après les opérations en cours, malgré la pression des radicaux.

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