a tout d'abord exposé les mutations de l'environnement dans lequel évolue le groupe La Poste. Il a commencé par commenter les changements sociétaux profonds découlant de la révolution numérique et affectant les attentes, les comportements et les méthodes de travail. La Poste, a-t-il poursuivi, est affectée certes négativement par ces évolutions, s'agissant notamment de la baisse du volume de courrier due au développement de l'Internet, dans une proportion de 30 % entre 2009 et 2015, mais également de façon positive, avec le développement de l'e-commerce ou l'explosion du multicanal, qui concerne toutes les activités de l'enseigne.
Il a ensuite évoqué l'ouverture à la concurrence qui, après avoir touché le livret A, concernera au 1er janvier 2011 le courrier de moins de 50 grammes. Il a estimé que la concurrence, source d'opportunités, s'exercerait à l'échelle européenne et sur l'ensemble de la chaîne de valeur, même si elle n'affectait le secteur du courrier que sur quelques niches où les marges sont les plus importantes.
Évoquant ensuite la crise économique et la période de croissance molle ainsi que la crise de confiance qui s'en sont suivi, il y a vu pour les entreprises la source d'une accélération des mutations passant notamment par la réduction des coûts.
Voyant dans la montée des enjeux environnementaux une tendance fondamentale que La Poste souhaite pleinement intégrer, il a observé, par ailleurs, que les répercussions de la crise financière dans le monde bancaire se traduiraient par de plus grandes exigences en matière prudentielle, l'augmentation de capital dont bénéficiera La Poste étant, à cet égard, la bienvenue. L'État a engagé à cet effet des discussions avec la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et devrait bientôt notifier le dispositif aux instances européennes, pour une mise en oeuvre effective avant la fin de l'année. En l'absence d'une telle augmentation de capital, la société verrait son investissement immanquablement fléchir ou sa dette augmenter dans des proportions considérables.
La Poste se trouve actuellement dans la phase ultime de mise en place de sa nouvelle gouvernance, qui doit être achevée au 15 avril 2010 et se traduire par la constitution de son conseil d'administration et de ses comités, la désignation de son candidat à la présidence après son audition par les instances compétentes, ainsi que l'établissement d'un business plan.
Puis M. Jean-Paul Bailly a fait porter ses propos sur l'évolution respective des trois métiers de La Poste, dont l'équilibre, a pu être constaté, y compris en période de crise. Ainsi, La Poste a obtenu de meilleurs résultats que ses concurrents européens, à l'exception de l'Italie, dont la société postale ne gère toutefois presque exclusivement que des activités bancaires. Ayant renforcé sa qualité de service entre 2002 et 2007, ainsi que son accessibilité, La Poste a aujourd'hui pour ambition d'occuper la première place sur le marché européen.
Le métier du courrier, tout d'abord, s'est caractérisé par un respect intégral des obligations de service public lui incombant, ainsi que par une poursuite de sa modernisation et un développement de l'innovation, comme l'illustre que l'offre de prestations globales. Le groupe se donne à présent pour objectif de tirer pleinement profit de l'externalisation de l'activité courrier des entreprises et de développer certaines activités accessoires, telles que les fonctions annexes des facteurs ou le rôle de tiers de confiance sur Internet. Il envisage également de se développer en Europe au moyen de partenariats ou d'acquisitions, ces dernières demeurant toutefois de faible ampleur. Au final, l'objectif est de conserver une activité courrier positive à l'horizon 2015.
S'agissant de l'activité colis-express, qui bénéficie d'un marché porteur, elle se caractérise par une montée en puissance du segment « business to consumer » (B to C) de nature à faire de La Poste l'un des chefs de file européens.
L'activité bancaire, quant à elle, est aujourd'hui parfaitement intégrée au sein du groupe et a très bien résisté à la crise. Elle connaît le lancement, ce jour même, d'une offre de crédit à la consommation dont l'exemplarité sera garantie ainsi que, avant la fin de l'année, de produits d'assurance non vie. Par ailleurs, la Poste travaille, à la demande de la ministre en charge de l'économie, sur le thème du financement de l'économie locale.
Enfin, l'enseigne postale se caractérise également par le respect intégral de ses missions de service public. Le contrat tripartite 2011-2013 traite de la nouvelle organisation de la présence territoriale, tandis qu'une réflexion est actuellement menée sur les commissions de présence postale territoriale (CPPT). Par ailleurs, la modernisation des bureaux de poste va se poursuivre à un rythme élevé et une montée en compétence des guichets est en cours en vue de répondre à l'évolution de la demande.
Au final, La Poste s'est fixé les cinq grandes priorités que sont la parfaite exécution de ses missions de service public ; la réalisation d'une performance économique durable et responsable, avec le retour à une dynamique de croissance analogue à celle précédant la crise avant 2012 ; l'amélioration de la qualité de service ; le renforcement des investissements et de l'innovation ; et, enfin le développement d'activités nouvelles devant trouver leur équilibre économique.
Elle se fixe, en vue de les atteindre, deux règles de conduite : outre un développement durable et responsable, elle s'attachera à se réformer de façon consensuelle. A ce dernier égard, elle ne mettra pas en place de programme de départ imposé, procédera à un remplacement partiel des sorties d'activité, veillera à la qualité contractuelle des emplois, procédera à des embauches et développera les compétences de ses salariés ainsi que leur intéressement, une réflexion étant en cours sur l'actionnariat salarié.