Cette réunion marquera l'histoire : c'est la première fois depuis cinquante ans qu'une commission mixte paritaire se réunit sans que ni le président, ni le rapporteur de la commission saisie au fond à l'Assemblée nationale ne soient présents. Afin d'honorer leur mémoire, laissez-moi vous lire un extrait d'une intervention de Jean-Luc Warsmann à la tribune de l'Assemblée : « On va emprunter pour faire payer une partie du prix des boîtes de médicaments consommés actuellement par nos concitoyens, une partie des soins médicaux et des prestations sociales, par les Français qui travailleront en 2022, c'est-à-dire faire des emprunts à long terme pour payer des déficits de fonctionnement. (...) Lancer des emprunts lorsque l'on sait que l'on n'a pas l'argent nécessaire pour les rembourser, cela s'appelle faire de la cavalerie ! » Le président et le rapporteur pour avis de la commission des affaires sociales sont également absents. Ce dernier déclarait pourtant : « Il est de notre responsabilité morale de cesser de nous décharger de nos responsabilités financières quotidiennes sur nos jeunes. »
Le débat à l'Assemblée nationale laisse pantois. N'entendons-nous pas le Gouvernement et la majorité clamer, à l'occasion du débat sur les retraites, qu'il est irresponsable de faire porter aux jeunes le poids de la dette ? N'est-il donc pas incongru d'affecter à la Cades des recettes incertaines et, pour deux d'entre elles, non pérennes ? Le Gouvernement a ensuite proposé d'échanger certaines des recettes de la Cades et de la sécurité sociale, mais c'est alors la branche famille qui se retrouvera dans l'incertitude : l'Union nationale des associations familiales et Familles rurales se sont émues que puisse ainsi être creusé un trou d'1 milliard d'euros...
Ce projet de loi organique transfère en une fois à la Cades une dette équivalente à la totalité de la dette transférée depuis 1996. Si les jeunes qui manifestent aujourd'hui le savaient, ils auraient une raison de plus de protester ! M. Baroin avance que la durée de vie de la Cades n'est allongée que de quatre ans. Mais ceux qui commenceront à travailler en 2022 ont aujourd'hui quatre ou six ans : c'est bien à nos enfants que l'on veut faire porter le poids de la dette.
L'attitude de la majorité à l'Assemblée nationale a témoigné d'un abaissement sans précédent du Parlement. Ses hérauts ne sont même pas là ce soir : il ne reste que de fidèles serviteurs de leurs maîtres... Eh bien, qu'ils achèvent sans nous leur besogne !