Intervention de Alain Gabillet

Mission commune d'information sur la désindustrialisation des territoires — Réunion du 17 novembre 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Alain Gabillet directeur de la performance du système industriel et de Mme Louise d'Harcourt déléguée à la fiscalité et à la compétitivité chargée des relations avec le parlement et les pouvoirs publics du groupe renault sa

Alain Gabillet, directeur de la performance du système industriel :

La direction dont j'ai la charge remplit quatre fonctions : stratégie industrielle, projets industriels, systèmes de production, support à la performance. Je rappellerai d'abord quelques données sur le groupe Renault :

- la France est la principale localisation du groupe avec 45 % des effectifs pour 60 % de la masse salariale, deux tiers des effectifs d'ingénierie pour 86 % des dépenses dans ce domaine. La moitié de la production en valeur et le quart en volume sont réalisés en France. Enfin, 60 % des pièces sont achetées dans notre pays ;

- Renault est la première marque en France sur son secteur et la deuxième en Europe (première pour les véhicules utilitaires) ;

- le groupe possède 38 usines dans le monde, dont 16 en France.

Si le groupe a des activités dans d'autres pays depuis les années 1960, c'est en 1999 que nous avons lancé un mouvement volontariste d'internationalisation, tout en privilégiant le maintien des activités de production de véhicules haut de gamme et de véhicules utilitaires en France.

Notre activité se caractérise par de gros volumes et des marges faibles, dans une économie de marché concurrentielle. La part du haut de gamme se contracte depuis dix ans, notamment en raison de la contrainte environnementale et des aides qui ne favorisent pas ce secteur. S'agissant des salaires et des charges, l'écart, tout compris, est de 1 à 6 entre la Roumanie et la France. Les charges sont de 17 % en Slovénie contre 47 % en France.

Si la crise de liquidités est derrière nous, la crise de l'automobile, elle, perdure et le secteur ne bénéficie plus des mesures conjoncturelles telles que la prime à la casse. Nous avons bénéficié des aides publiques et nous avons réduit nos dépenses, notamment les investissements. Mais les entreprises n'ont pas, chez nous, fait l'objet des mêmes restructurations brutales qu'aux États-Unis.

En ce qui concerne notre compétitivité, il faut savoir qu'il y a un écart de 1 à 2 entre le coût de fabrication d'une Clio en Turquie et en France. En incluant l'ensemble des frais jusqu'à la vente au client, l'écart est de 800 €, soit 10 % du coût : 300 € de salaires, 300 € de taxes et 200 € liés aux subventions. Les coûts de production en France compriment nos marges.

Nous avons besoin d'un réseau de fournisseur sain et compétitif. En 2009, Renault a contribué pour 1,5 milliard d'euros à la survie de ce réseau, au titre à la fois des mesures résultant de la loi de modernisation de l'économie, d'un soutien financier à court terme et du fonds de modernisation des équipementiers, mais aussi par la renonciation aux méthodes de négociation habituelles. Nous apportons un soutien technique à nos fournisseurs de rang deux.

Nous nous inspirons de méthodes de gestion des processus de fabrication telles que le monozukuri, qui permet d'améliorer la compétitivité par une optimisation de la chaîne logistique, ou le lean manufacturing qui réduit les gaspillages à toutes les étapes de la production.

Pour nous, les enjeux majeurs sont :

- la consolidation de nos marchés hors Europe ;

- le renforcement de notre compétitivité en Europe, par exemple par l'adaptation de nos capacités et la prise en compte du recyclage des véhicules, ainsi que par l'innovation (véhicules utilitaires à Sandouville, véhicule électrique à Flins). Nous cherchons à être les leaders des véhicules sans émission de gaz à effet de serre, secteur auquel nous consacrons deux milliards d'euros d'investissements. Les véhicules électriques devraient représenter 10 % du marché en 2015 et nous sommes inquiets sur la capacité des producteurs européens à répondre à la demande. Nous travaillons avec le CEA à Grenoble afin de développer une filière spécifique ;

- le dialogue social, avec l'élaboration en mars 2010 d'un protocole d'accord qui pose un agenda et prévoit des thèmes de rencontre. À moyen et long terme, nous devons nous poser la question de l'adéquation entre les objectifs et les ressources, en renforçant l'employabilité des personnels pour leur permettre de s'orienter vers les filières d'avenir. Nous avons recommencé à embaucher cette année.

Enfin, nous devons souligner l'importance du crédit impôt-recherche : certains amendements présentés au Parlement risqueraient de nuire à l'attractivité de la France en ce domaine.

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