Nous avons discuté de cette question au moment des débats sur la taxe carbone. Il y avait ainsi deux conceptions. Soit on taxe le carbone en amont, soit on le taxe au niveau final. Si on le taxe au niveau final, cela implique de calculer le contenu carbone de l'objet concerné. Or, il n'y a pas de comptabilité carbone dans les flux de l'économie. Plus on est en amont dans l'industrie, plus il est facile de compter. C'est pour cela que l'on a mis les industries lourdes dans le système des quotas et pas les industries à l'aval. Mais l'industrie lourde fournit l'aval. Nous achetons des produits transformés. Si l'on instaure un MIC, il faudra donc ne pas négliger la difficulté liée à la comptabilisation carbone des produits transformés, et veiller à ne pas pénaliser les secteurs en aval.
C'est un peu ce qui s'est passé dans le secteur agricole, au sein duquel j'ai travaillé pendant dix ans. J'ai ainsi eu à gérer le problème de la montée en puissance des importations de volaille en Europe depuis l'Égypte et le Brésil. La protection intérieure du prix du blé, sur un mécanisme très voisin du MIC, a eu pour conséquence que les Brésiliens se sont mis à faire des poulets avec du soja qu'ils ont importé, tandis que les Égyptiens achetaient du blé européen avec restitution à l'exportation, puis montaient des ateliers de volaille qu'ils réexportaient en Europe. On peut donc imaginer un tel phénomène dans le secteur de l'acier.