Précisant qu'il avait été accompagné, en tant que représentant de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, par M. Yves Simon, député de l'Allier, M. René Beaumont s'est félicité de la grande qualité de l'accueil germanique dans une ville dynamique symbolisant parfaitement la capacité de l'Allemagne à « digérer » la réunification et à retrouver un rôle moteur dans l'économie européenne.
Il a indiqué que la première journée avait été consacrée à des déplacements de terrain, avec la visite à Potsdam d'un institut d'agronomie spécialisé dans la mise au point de productions non alimentaires, pour certaines encore à un stade expérimental, pour d'autres déjà opérationnelles. Trois activités principales ont ainsi été présentées par les ingénieurs dirigeant les laboratoires : l'utilisation de la biomasse, en l'occurrence de déchets végétaux, pour produire, par fermentation et méthanisation, de l'énergie électrique ; la mise au point de matériaux de plaquage d'origine végétale pouvant être utilisés dans des productions industrielles ou la construction de logements ; et l'élaboration, à base de molécules contenues notamment dans le maïs et le blé, de plastiques végétaux biodégradables.
Ces productions non alimentaires, a-t-il souligné, parviennent à concurrencer celles issues de composés fossiles, en termes d'efficacité énergétique comme d'aspect ou de solidité. De plus, elles participent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, puisqu'elles contiennent des végétaux ayant capté du CO2 durant leur croissance. Cependant, a nuancé M. René Beaumont, elles restent encore plus onéreuses à produire, et induisent de ce fait des programmes de développement qui, par une meilleure sélection des plants utilisés et une rationalisation des process, cherchent à en réduire les coûts.
La délégation a ensuite visité une exploitation agricole produisant de l'énergie électrique à partir de plants dédiés. Là encore, cette technique, bien qu'extrêmement moderne, n'apparaît pouvoir être rentabilisée qu'à l'horizon de 7 ou 8 ans et nécessite des subsides publics, l'électricité produite coûtant presque deux fois plus cher que celle d'origine nucléaire.
a ensuite indiqué qu'au cours du dîner offert par la présidente de la commission de l'agriculture et de l'alimentation et le ministre de l'agriculture du land de Berlin, il avait eu l'occasion de s'entretenir avec une représentante de la chambre des Lords britannique et de s'entendre confirmer les divergences de point de vue séparant, sur les dossiers agricoles et la politique agricole commune (PAC), la France de l'Angleterre.
La journée du 21 mai a ensuite été consacrée à deux tables rondes. Lors de la première, qui concernait le potentiel de l'espace rural, M. John Bensted Smith, directeur général des analyses économiques à la Commission européenne, a présenté le nouveau plan européen de développement rural 2007-2013 et exprimé sa déception de n'avoir obtenu que 76 milliards d'euros de financement, soit 20 de moins par rapport à la demande de la Commission. Il a souligné avec insistance qu'une plus grande libéralisation du cadre européen entraînerait d'importantes difficultés, se traduisant par des transferts démographiques au détriment du nord de l'Europe et par un abandon massif de terres.
a rapporté que le professeur Karlheinz Knickel, de l'institut de développement rural de Francfort, avait ensuite énuméré les « méga-tendances » influençant l'avenir de l'espace rural européen (exigences accrues en termes de qualité de vie, nouvelles relations villes-campagnes, prise de conscience environnementale et mutations démographiques), et appelé à développer davantage les potentiels existant en matière de production biologique et d'agrotourisme, ainsi qu'à mieux valoriser les fonctions écologiques des zones rurales. Il avait, en outre, souligné l'importance de l'approche territoriale dans le programme « Leader », insisté sur le nécessaire encouragement à la connaissance et à l'innovation, et plaidé pour la mise au point d'un cadre fiscal et règlementaire propice au développement rural.
a rapporté être alors intervenu pour souligner quelques paradoxes observés dans les secteurs de l'énergie et des transports, en prise directe avec les problématiques de développement rural à l'échelle européenne. Après avoir rappelé que l'énergie d'origine nucléaire, qui évitait ou réduisait le recours à des énergies d'origine fossile, était à la base d'un réel développement durable, il a insisté sur la priorité que devrait constituer pour l'Union européenne le développement des transports ferroviaires et fluviaux, ainsi que la multi-modalité. Délaissés au profit de la route ou de l'aérien, ces deux modes de transport, pour lesquels l'Union possède des atouts technologiques et démographiques complémentaires, représentent en effet un potentiel d'économie d'énergie et de pollution évitée considérable, tout particulièrement en Allemagne et en France, deux pays frontaliers possédant des réseaux ferrés de qualité et de nombreux fleuves et canaux.
Il a évoqué ensuite la seconde table ronde, consacrée aux énergies renouvelables, et notamment un exposé de M. Luc Werring, directeur général « Transport et énergie » à la Commission européenne. Pour ce dernier, l'éolien et le photovoltaïque ont l'avantage de ne pas nécessiter d'investissements continus, et se prêter bien au chauffage, tandis que les biocarburants et les technologies à hydrogène favorisent la continuité d'approvisionnement, tout en donnant lieu à des émissions de gaz, et doivent être plutôt orientés vers les transports sur longue distance. S'agissant du développement des biocarburants, il a suggéré deux approches : l'une fondée sur les volumes, consistant à fixer des objectifs de production à atteindre à une date donnée, et l'autre -à laquelle il a donné sa préférence- tendant à jouer sur les prix, en instaurant un cadre fiscal et règlementaire adapté.
Se félicitant de l'intérêt de ces rencontres parlementaires, M. René Beaumont a indiqué qu'elles sont l'occasion de « prendre la température » sur un sujet communautaire et d'échanger avec d'autres représentants de l'Union, invitant pour cette raison ses collègues à y prendre part lorsque l'occasion se présenterait.