Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, en mai dernier, nous avons adopté, droite et gauche confondues, une résolution instituant une journée nationale de la laïcité, non fériée et non chômée, le 9 décembre, date anniversaire de la promulgation de la loi de 1905 qui – faut-il le rappeler ? – pose le principe de la séparation des Églises et de l’État.
Depuis quelques années, ce principe constitutif de l’édifice républicain revient en force dans le débat public. Est-ce à dire que le religieux se fait plus présent et porte tort au « vivre ensemble » ? Peut-être… Le laïcisme intransigeant d’hier a fait place à une laïcité exprimant avant tout les valeurs de respect, de dialogue et de tolérance.
Penchons-nous brièvement sur le sens que ce concept peut prendre.
Le débat met en jeu les compromis théologico-politiques commis au nom du multiculturalisme, la simple autonomie du religieux par rapport à l’État ou ce que je n’hésiterai pas à appeler la « religion laïque » – je m’en expliquerai plus loin.
La conception française est fondée sur la séparation des églises et de l’État : autrement dit, la main de l’État ne peut se poser sur le religieux, de quelque manière que ce soit, ni par le biais de financements directs ou indirects, fussent-ils occultes, ni sous forme d’une approbation ou d’une désapprobation, dans la mesure où le religieux ne contrevient pas aux principes de la République. Cette dernière restriction nous indique que l’État, la République a la priorité dans les affaires temporelles. Le religieux relève de la sphère intime, ne peut s’immiscer dans la chose publique ni y contrevenir. Cette scission paraît salutaire, mais prenons garde : le religieux touche à la transcendance et, de fait, lorsqu’il existe, ne peut être étranger aux comportements humains. Nous devons en limiter l’expression, non la traquer.
En 1905, pour des raisons qui n’étaient pas tout à fait les mêmes qu’aujourd’hui, nous avons décidé d’adopter le principe de laïcité afin de limiter les pouvoirs de l’Église. Aujourd’hui, le multiculturalisme a donné une vigueur nouvelle à ce principe, qui apparaît comme la clé du « vivre ensemble ».
La proposition de loi qui nous est présentée, dont l’initiative revient à notre collègue Françoise Laborde, vient achever le dispositif de la loi de 2004 interdisant, en application du principe de laïcité, le port des signes ou tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics. Elle prévoit d’étendre l’obligation de neutralité propre au service public aux personnels relevant du droit privé accueillant des enfants. Cette nouvelle étape dans l’application du principe de laïcité nous paraît intéressante ; je tiens à féliciter Mme Laborde et M. le rapporteur de leur excellent travail.
La gauche et la droite peuvent parfois se réunir autour des grands principes fondamentaux de la République : c’est là un signe formidable de cohésion républicaine.
Ainsi, la laïcité se trouve au centre du projet de l’UMP pour 2012