Intervention de Jean-Luc Hees

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 7 décembre 2011 : 1ère réunion
Exécution du contrat d'objectifs et de moyens 2010-2014 — Audition de M. Jean-Luc Hees président du groupe radio france

Jean-Luc Hees, président du groupe Radio France :

Tout d'abord, l'université d'entreprise est une affaire qui fonctionne bien. C'est un intégrateur formidable pour les personnels de la maison, et ce dans tous les métiers. C'est un laboratoire de formation très intéressant, notamment pour les nouveaux médias. Si l'on veut une mobilité des personnels, il faut leur offrir cette formation qui est un passeport formidable. C'est un gros investissement, et les gens sont lucides sur son utilité. Dans notre maison, où il y a une forte culture et des différences générationnelles, cette formation est essentielle. Elle nous donne de plus une vue sociographique de l'image de notre maison, et nous constatons avec plaisir qu'elle est toujours très attirante pour les jeunes.

Ensuite, concernant les taux d'audiences, il y a différentes façons de mobiliser les gens. On peut d'abord constater que les choses vont mal : France Info est, à ce titre, un cas d'école, avec une perte de 100 000 auditeurs tous les deux mois. Sur le fond, cette évolution est peut-être logique : a-t-on toujours besoin de France Info ? La réponse n'est pas évidente, il faut donc trouver une stratégie de rechange. Il y a une concurrence folle dans le monde de l'information, à la télévision mais aussi à la radio. Sur l'année 2011, qui était particulièrement riche en termes d'actualité, tout le monde n'a pas réussi aussi bien que nous. Nous avions les moyens de travailler, nous avions la meilleure stratégie, et nous avons pris des risques. Notre stratégie a été d'apprendre de nouveaux métiers, de changer de format, et de faire en sorte que toute l'équipe suive ce changement. Par exemple, sur France Info, la grille change neuf jours sur dix : c'est un exercice complexe qui impose un rythme stressant aux journalistes, mais qui nous a permis de gagner un demi-million d'auditeurs. Quand cela devient trop lourd pour le personnel, nous convoquons une assemblée générale. A France Info, cela a duré une journée, nous nous sommes tout dit, et nous avons tous constaté qu'il fallait bouger pour faire changer les choses. Je veux rendre hommage aux personnels : ce sont eux qui ont fait tout le travail, et je suis extrêmement fier d'eux.

A France Inter, nous avions le même problème : l'audimat stagnait et il fallait redéfinir l'identité de l'antenne. Pour moi, France Inter a besoin de prestige : par exemple, Martin Scorcese était invité hier à l'antenne car nous avons cofinancé son dernier film. C'est cela qui permet à France Inter de regrimper dans les sondages.

Enfin, pour France Musique, il faut avouer que, pendant deux ans, j'ai échoué dans ma mission. Cela a été très dur de faire bouger les producteurs. France Musique ne sera jamais Radio Classique, elle a un autre cahier des charges : elle diffuse, elle commente, elle commande de la musique. Nous faisons de l'offre, pas de la demande. La maison n'est pas destinée à gagner de l'audimat à tout prix : si l'on écoute Beethoven, on écoute toute une symphonie et non pas seulement le mouvement le plus connu. Nous nous sommes, là encore, réunis pour en discuter, pendant deux ou trois jours puis une deuxième fois. Cela a été l'occasion pour moi de rappeler au personnel que, si l'on travaille à France Musique, c'est parce qu'on aime la musique, mais aussi parce qu'on aime la radio. On n'y travaille pas pour soi, mais pour les auditeurs. Les résultats commencent à être prometteurs d'après la dernière vague de sondages : la radio est perçue comme plus contemporaine. Je connais des musiciens jeunes, je sais que des jeunes écoutent de la musique. Il faut les amener sur l'antenne, gagner des auditeurs. On nous a souvent caricaturés comme une radio qui fait plus d'exégèse que de musique ; mais le verbe autour de la musique est intéressant aussi. On peut parler, on peut même rire sur la musique. Je ne peux pas imposer cet état d'esprit mais j'en parle aux producteurs. Nous avons changé de directeur en cours de route afin de garder le cap vers nos objectifs : lorsque quelqu'un me dit « on ne peut pas », j'estime qu'il ne doit pas être directeur. Ce tournant n'est pas facile, mais il me semble que l'antenne est déjà meilleure aujourd'hui. Il y avait un risque à faire tout cela. On m'a dit que j'étais en train de cannibaliser toutes les antennes, mais il s'avère que les tranches du matin de toutes les antennes ont progressé.

D'autre part, concernant la parité, la radio est le secteur où les femmes sont les plus nombreuses, y compris à l'antenne. Nous avons entamé des démarches pour obtenir le label « Diversité », nous sommes conscients du problème et les choses avancent bien.

Sur le climat du dialogue social enfin, chacun est dans son rôle. J'agis dans le cadre strict de notre budget. Je suis moi-même journaliste et je pense qu'une convention collective n'est pas seulement un confort, j'ai donc tout fait pour aboutir à un texte accepté par tous, qui a été plébiscité par référendum. Les trois syndicats qui ont fait valoir leur droit d'opposition étaient dans leur rôle également, je les écoute et j'essaie d'être neutre vis-à-vis de tout cela. Quant aux conditions de travail, permettez-moi de vous dire qu'il n'y a pas une maison à Paris où elles sont aussi bonnes, étant donné le coût de l'actualité. Nous n'avons pas lésiné sur les moyens pour couvrir le printemps arabe, c'est l'une des fiertés de la maison : nos investissements sont bien ciblés. Nous avons 730 journalistes, c'est une catégorie importante dans la maison, et nous venons de signer un accord de méthode avec leurs syndicats. Je suis ouvert à toute proposition, et nous poursuivons nos travaux deux fois par semaine afin de trouver une solution avant octobre 2012. J'aurais préféré que les choses aillent plus vite, mais elles suivent leur cours.

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