Intervention de Bernard Bigot

Commission de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire — Réunion du 6 décembre 2011 : 1ère réunion
Audition de M. Bernard Bigot candidat désigné aux fonctions d'administrateur général du commissariat à l'énergie atomique cea

Bernard Bigot, administrateur général du CEA :

L'Europe, zone à l'industrialisation ancienne et fondée sur les énergies fossiles, est confrontée à l'épuisement inéluctable de celles-ci. Or, il n'y a pas de solidarité européenne car l'énergie est un domaine de souveraineté nationale. Il y a néanmoins assez de sujets communs de préoccupation pour lancer des coopérations. Ne peut-on chercher des standards communs par exemple pour les véhicules électriques ?

Les Allemands peuvent se permettre d'abandonner le nucléaire s'ils acceptent d'en payer le prix financier, car ils ont encore de grandes quantités de charbon et de lignite. Ils comptent également sur les interconnections avec les autres producteurs européens d'énergie.

Nous sommes très proactifs pour développer des projets de recherche à l'échelle européenne. ITER avait besoin d'une validation de son financement (1,3 milliard) et l'Europe a trouvé un accord sur cet objet de recherche destiné à démontrer que l'énergie de fusion de 2 grammes d'hydrogène peut produire une énergie comparable à celle issue d'un réacteur de fission utilisant 200 tonnes de combustibles. L'enjeu est de parvenir à contraindre la collision de noyaux malgré le jeu des forces électrostatiques qui les conduit à se repousser. Cette collision se réalisant naturellement sur le soleil grâce à la force gravitationnelle de ce dernier dont la masse est de 300 000 fois celle de la Terre, le projet ITER consiste à la provoquer par le jeu des forces électromagnétiques.

Le réacteur devrait commencer à fonctionner en 2020 pour une première production nette d'énergie à partir de 2016. Débutera ensuite une expérimentation d'une vingtaine d'années destinée à acquérir la maîtrise de cette technologie et à aboutir au développement d'un démonstrateur à l'horizon de 2040-2045. Si tout se déroule comme prévu, nous pourrons, produire une telle énergie avant la fin de ce siècle, c'est à dire au moment où les ressources fossiles devraient s'épuiser.

En matière de pile à combustible, les progrès ont été considérables comme le démontre l'expérimentation que nous venons de réaliser à Marcoussis avec Air Liquide, entreprise qui investit aujourd'hui un milliard d'euros pour développer en Europe des stations d'approvisionnement en hydrogène et faire ainsi fonctionner des véhicules fabriqués en Allemagne, au Japon ou en Corée qui sont déjà en service - la France est l'un des rares pays européens à ne pas disposer de telles stations, ce qui est pas un signal positif. Le prix des piles à combustible reste un obstacle que les nanotechnologies permettront de surmonter.

M. Alain Houpert, avec tout le respect que je vous dois, vos propos sont des contre-vérités. Je vous demande de venir avec moi sur le site de Valduc, et nous verrons que ce que vous dites ne correspond pas à la vérité : le CEA ne triche pas, il a une très haute éthique - je le revendique pour tous les personnels. C'est le gouvernement et le Parlement qui ont exonéré les installations nucléaires de base, secrètes, des taxes en question. Je connais suffisamment vos arguments pour m'inscrire en faux contre eux. Prétendre que des norias de bus transportent les personnels et que seule une quinzaine de personnes assurerait la permanence du site à certains moments, alors qu'elles sont plusieurs centaines, n'est pas conforme à la réalité.

Je suis très attaché à la vérité et prêt à accompagner le bureau de votre commission sur place, pour constater que le CEA ne triche pas et prouver que ses personnels sont attachés à ce territoire.

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