Intervention de Laurent Thierry

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 3 novembre 2011 : 1ère réunion
Evolution de la consommation électrique et économie d'énergie

Laurent Thierry, président directeur général, Actis :

La société Actis, que je dirige, est spécialisée dans la fabrication des isolants dans le sud de la France. Nos usines sont situées dans la région Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Nous fabriquons des isolants minces, domaine dans lequel nous sommes innovants, et, depuis 2008, des isolants à base de fibres de bois.

Notre présentation portera sur la performance mesurée des isolants et la stratégie suivie depuis quelques années par le gouvernement pour conduire la réglementation thermique. Le gouvernement dispose de plusieurs leviers pour réduire les gaz à effet de serre, dont près de 43% proviennent du bâtiment. Il s'agit de la réglementation thermique, les incitations fiscales, et les diagnostics et performances énergétiques pour vérifier la performance des systèmes.

L'évolution de la réglementation thermique depuis 1974 montre que l'augmentation de l'épaisseur des isolants dans les bâtiments a été multipliée de façon importante, alors que la performance pour le consommateur n'a été accrue que de 3 %. Les ventes de laines minérales, elles, suivent celles de l'épaisseur des isolants, les chiffres d'affaires des entreprises passant en quarante ans de 200 millions d'euros à 1,2 milliards d'euros.

L'étanchéité est un autre facteur important dans la performance des bâtiments. La réglementation thermique, il faut le savoir, ne se mesure qu'en laboratoire, donc dans des conditions statiques. Or un chercheur américain, David Yarbrough, a montré que la résistance thermique d'un isolant à l'air chutait de 25 % lorsque le flux d'air et le flux de chaleur vont dans le même sens, de 80 % lorsque ces deux flux vont en sens contraire. La RT 2012 a d'ailleurs pris en compte cet élément, l'étanchéité étant au coeur du dispositif. Le neuf sera ainsi soumis à une obligation de résultat, document à l'appui. Sans polémiquer, pourquoi avoir attendu quarante ans pour mettre l'étanchéité au centre du dispositif, alors que les pays d'Europe du nord ont mis en oeuvre depuis longtemps des systèmes de contrôle d'étanchéité ? Il faut aussi savoir que 92 % des isolants vendus en France sont épais, dont 65 % de laines minérales, isolants dont la pose exige un écran d'ossature et un pare vapeur. A défaut, la résistance thermique du matériau dans une toiture tombe de 5 à 1.

Il est donc essentiel de mesurer la performance des isolants en situation réelle. La RT 2012 va dans le bon sens, ayant mis l'étanchéité au centre du dispositif, mais elle reste insuffisante. C'est une étape majeure, qui ne s'adresse qu'au secteur de la construction neuve, alors que la vraie problématique se pose dans la rénovation, avec près de 20 millions de logements peu ou pas isolés. Il est donc indispensable que l'approche globale de la RT 2012 soit étendue immédiatement aux bâtiments existants pour éviter que l'approche « élément par élément » de la RT dans l'existant perdure. J'ajoute que les fabricants d'isolants minces que nous sommes ont une réponse adaptée à ce type de bâtiment, avec un produit qui assure l'étanchéité sur le bâti, qui a un niveau de résistance thermique suffisant et qui permet d'économiser des mètres carrés.

Il est également urgent d'évaluer autrement la performance des isolants, seul le CSTB procédant jusqu'à présent à celle-ci. Or depuis juillet 2011, le laboratoire anglais BM TRADA a été accrédité par les organismes de certification, et peut servir d'alternative.

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