Il s'agira d'une présentation à deux voix. Le programme Homes est un programme de recherche sur l'efficacité énergétique des bâtiments en Europe, subventionné par l'Etat français. Il regroupe des laboratoires académiques, des PME, des établissements de taille intermédiaire (ETI) et des grands groupes, français ou européens. Notre objectif est de travailler sur l'efficacité énergétique active, et ce sur l'ensemble du parc résidentiel et tertiaire, neuf et existant.
Ce programme de recherche a démarré il y a trois ans et s'achèvera l'an prochain. Aussi disposons nous d'ores et déjà de résultats, que nous sommes en mesure d'extrapoler sur l'ensemble du parc. Cela dit, l'efficacité énergétique active est la manière dont on se sert du bâtiment, et pas sa conception. Un bâtiment est fait d'une enveloppe avec quatre caractéristiques : son isolation, son inertie, son étanchéité à l'air et son apport lumineux - taux de vitrage et masques. S'y ajoutent des équipements techniques, dont il faut améliorer le rendement ou diminuer les pertes, et l'efficacité énergétique active.
Pour pouvoir travailler, le programme a repris une approche systémique du bâtiment. On a beaucoup parlé de consommations d'énergie en utilisant nos performances, la performance étant face à des services qui sont rendus : température et qualité de l'air, confort psychologique et éléments de productivité de l'activité. Améliorer la performance, c'est améliorer l'utilisation de l'énergie face à ces services. Entre les deux, on distingue deux mondes : à gauche, celui des machines, des équipements qui permettent de transformer et de distribuer cette énergie dans des locaux sous forme de vecteurs énergétiques, fils, tuyaux et gaines, à droite, celui des gens, qui utilisent cette énergie dans différents locaux. A gauche, on mesure combien, à droite, où s'identifient les gaspillages, pourquoi.
Il faut également distinguer les éléments d'occupation et d'activité, qui sont essentiels, éléments qui ne sont pas liés à la qualité du bâtiment ou des machines. Imaginez un bâtiment où l'on consomme jour et nuit, alors qu'un seul étage est occupé, une école entièrement chauffée, parce qu'elle est attenante à la maison du directeur. Ce sont là des gaspillages énergétiques fantastiques, alors que la qualité des machines et du bâti est bonne.
Fort de cette analyse systématique, nous sommes parvenus à trois grandes catégories de solutions pour améliorer l'efficacité énergétique. Premièrement, réduire les besoins énergétiques dans les différents locaux : pour ne pas gaspiller, il suffit de ne pas consommer là où ce n'est pas nécessaire. Ce n'est pas en optimisant le chauffage, l'éclairage et la ventilation qu'on obtient un bâtiment performant. Encore faut-il intégrer l'ensemble de la cohérence entre les différents équipements consommateurs, face à une activité, à une présence des gens et la manière dont ils utilisent ce bâtiment. Lorsque je regarde la télévision, je n'ai pas besoin du même confort thermique que lorsque je suis en train de faire de la gymnastique. L'adaptabilité de la manière dont on consomme cette énergie pour satisfaire les besoins est la clé pour des bâtiments performants.
Deuxièmement, comment approvisionner de manière optimisée des énergies pour servir les besoins de locaux ? L'énergie extérieure, il faut le rappeler, n'a pas forcément la même disponibilité ou le même taux de CO2 au moment où l'on en a besoin.
Le troisième élément est l'implication des gens, la manière dont ils occupent, gèrent, entretiennent et possèdent un bâtiment. L'ensemble des acteurs du monde peuvent se décomposer sous forme de ces quatre profils. Suivant la manière dont on leur donne l'information, ils pourront avoir ou pas des comportements qui seront durablement économes et performants.
Ce travail nous a amené à une architecture technique. Quelle est l'image du parc existant ? C'est un système de chauffage, de ventilation et son pilotage, un système de gestion d'éclairage. Demain, il faudra assurer la gestion de la cuisine, du bureau, du restaurant, du couloir, et, en fonction des besoins satisfaits par ces différents locaux, approvisionner les bonnes quantités d'énergie. L'avantage de cette philosophie est de voir le bâtiment comme une somme de locaux qui sont des consommateurs, la mutualisation de la mise à disposition d'énergie devant être optimisée. Un cran supplémentaire : les bâtiments sont les consommateurs, la mutualisation des approvisionnements en énergies devant être visée au niveau d'un quartier, d'un campus ou d'une ville.