Intervention de David Assouline

Réunion du 18 janvier 2012 à 14h30
Séjour des étudiants étrangers diplômés — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de David AssoulineDavid Assouline :

... dans un monde où la compétition est devenue acharnée dans ce domaine et où la position naturelle de la France est controversée par l’évolution du monde.

Avec cette circulaire, vous avez envoyé le message inverse, à savoir faire comprendre à ces étudiants qu’ils ne doivent pas venir et, pour ceux qui sont déjà là, qu’ils doivent repartir au plus vite. En fait, tous ceux qui sont dans la compétition avec nos structures françaises peuvent vous dire merci !

Au cours des débats sur l’enseignement supérieur, vous avez très souvent évoqué devant nous les classements internationaux, en particulier le classement de Shanghaï ou plus précisément l’Academic Ranking of World Universities, ARWU, précurseur du classement mondial des universités ou Global University Ranking. Selon vous, il ne faut pas trop en tenir compte, car les critères retenus ne sont pas forcément universels. Nous avons nos atouts, d’autres ont les leurs. Il ne s’agit pas de copier l’université américaine, chinoise ou autre.

Mais un critère est présent dans tous ces classements : l’attractivité pour les étudiants étrangers, le rayonnement de notre université et de notre recherche dans le monde. Or, sur ce point, les effets de votre circulaire se font déjà sentir sur le nombre d’inscriptions à CampusFrance. De nombreux étudiants qui avaient envisagé de venir commencent à se dire que la France n’est pas l’endroit où ils doivent aller, car ils vont y rencontrer des difficultés. En effet, le premier emploi étant souvent la validation, la concrétisation du diplôme obtenu, si l’on n’a pas l’assurance de l’obtenir, on préfère ne pas venir, pour ne pas voir ses études et son diplôme dépréciés, voire invalidés.

Pourquoi avoir adressé une telle circulaire ? Probablement parce que l’essentiel pour vous n’est plus l’intérêt de notre pays, ni celui de l’université et de la recherche. Il est plus vraisemblablement d’envoyer des messages à un certain électorat pour une certaine élection...

Je terminerai mon propos sous la casquette de président de la commission sénatoriale pour le contrôle de l’application des lois, en disant que nous sommes en l’occurrence devant un cas d’école qu’a très bien souligné Mme Laborde.

Cette circulaire va plus loin que la loi que nous avions pourtant déjà contestée ; elle en restreint encore le champ, et cela pour une raison très simple : la volonté d’affichage ! Pis, certains me disent que les préfets vont au-delà de la stricte interprétation de la circulaire et qu’il s’ensuit très souvent des dérapages. C’est dû à toutes les consignes que vous leur envoyez pour que soient montrés du doigt les étrangers, qu’ils soient diplômés supérieurs ou simples travailleurs. Ces dérapages résultent de votre politique et de la façon que vous avez d’inverser le message envoyé de par le monde !

Et, pour qu’un message aussi fort et aussi puissant que les dégâts que vous causez avec cette circulaire puisse en annihiler les effets, je souhaite que le vote de mai 2012 nous permette de revenir sur ce texte. Ce serait un nouveau signe lancé à l’adresse du monde entier !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion