Intervention de Colette Giudicelli

Réunion du 18 janvier 2012 à 14h30
Séjour des étudiants étrangers diplômés — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Colette GiudicelliColette Giudicelli :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je vais tenter de résumer en trois minutes la position du groupe UMP. Avant tout, je veux dire à Bariza Khiari, qui me connaît, comme je la connais, que j’ai été heurtée par ses propos nous accusant de pousser les étudiants étrangers vers la clandestinité, c'est-à-dire l’illégalité. Ni elle ni moi, je le sais, n’acceptons ce genre de choses.

Jamais les étudiants étrangers n’ont été si nombreux en France, jamais leur nombre n’a autant progressé qu’au cours de ces dix dernières années. La France peut effectivement se féliciter d’être l’une des destinations majeures des étudiants étrangers. Comme le disait Mme Assassi, c’est un honneur pour nous.

Environ 260 000 étudiants ont été accueillis par notre pays en 2011. Nous nous situons parmi les quatre premières destinations mondiales. Au cours de ces dernières années, la part des étudiants étrangers dans l’enseignement supérieur est passée de 7, 1 % en 1998 à près de 12 % aujourd’hui. Certains se demandent, de façon allusive, si notre pays n’aurait pas intérêt à diversifier leur provenance, dans un contexte de concurrence internationale de l’enseignement supérieur.

Auparavant, les étudiants originaires des trois pays du Maghreb et des pays africains étaient les plus nombreux et représentaient environ 44 %, soit près de la moitié, des étudiants accueillis. Les choses ont beaucoup évolué, puisque 24 % des étudiants sont aujourd’hui originaires d’Asie, les étudiants chinois arrivant en deuxième position après les Marocains. Nous attirons progressivement les étudiants issus des pays émergents ou développés, ce dont nous nous félicitons. On constate que les étudiants chinois, par exemple, se dirigent moins vers les universités que vers les filières sélectives.

En revanche, la qualité globale de ceux que nous accueillons ne progresse pas. Alors qu’il est important pour notre pays que les étudiants étrangers réussissent aussi bien que les étudiants français, leur taux de réussite est inférieur de 40 % en moyenne.

En outre, comme le rappelaient le député Thierry Mariani et notre collègue François-Noël Buffet, rapporteurs, en 2006, du projet de loi relatif à l’immigration et à l’intégration, « la répartition par discipline des étudiants étrangers n’est pas satisfaisante, ceux-ci s’inscrivant massivement dans des filières déjà bouchées, qui ne répondent ni aux besoins de l’économie française, ni bien souvent à ceux des pays de départ, contrairement à la logique du co-développement ». Par conséquent, notre système souffre, de toute évidence, d’un manque de sélection des étudiants étrangers.

Par ailleurs, le problème du retour dans le pays d’origine est une question qui me paraît essentielle. Que deviennent les étudiants étrangers formés dans des filières sans issue et dont la formation ne correspond pas à une demande du pays d’origine ?

Enfin, s’agissant des étudiants formés dans des filières performantes, la question de l’« exode des compétences », qui touche durement les pays du Sud, ne doit pas être éludée si nous voulons faire écho à notre souci de favoriser le co-développement.

Pour répondre aux enjeux du retour dans le pays d’origine, la France a posé des règles simples et claires : un étudiant étranger a vocation à rentrer dans son pays d’origine au terme de sa formation, notamment pour permettre à son pays de bénéficier des connaissances qu’il a acquises. Ce premier message doit, me semble-t-il, être rappelé clairement. Au demeurant, l’idée qu’un étudiant étranger puisse conforter ses études par une première expérience professionnelle a toujours été admise.

En conclusion, je dirai que la circulaire du 31 mai 2011 était probablement trop générale. En revanche, la circulaire complémentaire signée jeudi 5 janvier dernier, par MM. Claude Guéant, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez, permettra de régler de nombreuses difficultés.

Pour l’ensemble de ces raisons, nous ne voterons pas la proposition de résolution.

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