Intervention de Roselyne Bachelot-Narquin

Réunion du 13 février 2012 à 15h00
Violences faites aux femmes violences au sein des couples et incidences sur les enfants — Adoption d'une proposition de résolution

Roselyne Bachelot-Narquin, ministre des solidarités et de la cohésion sociale :

Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je l’ai souligné devant la presse, le 24 novembre 2011, à l’occasion du lancement de la campagne de lutte contre les violences faites aux femmes pour 2011 ; je l’ai réaffirmé devant l’Assemblée nationale, le 6 décembre 2011, lors de l’examen de la proposition de résolution réaffirmant la position abolitionniste de la France en matière de prostitution ; j’assume la répétition : les violences faites aux femmes ne sont pas des faits divers, ce sont des faits majeurs !

Comment qualifier autrement les chiffres accablants, qui ont été rappelés par les différents intervenants ? Quand, dans notre pays, au XXIe siècle, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son compagnon, c’est un fait majeur. Quand 650 000 femmes âgées de 18 à 75 ans déclarent, en 2009, avoir été victimes de violences sexuelles ou physiques hors et dans le ménage, c’est un fait majeur. Quand on estime, en 2010, à plus de 75 000 le nombre de viols, c’est un fait majeur. Quand trois millions de femmes sont victimes de violences chaque année, c’est un fait majeur !

Ces chiffres sont accablants. Pourtant, ce ne sont que des estimations. Dès lors, que penser des chiffres réels ? En effet, nous le savons bien, beaucoup de victimes éprouvent de la honte, de la peur, et ne portent pas plainte. Ces chiffres nous interpellent, car ils reflètent une réalité insupportable. N’oublions pas cependant que notre politique publique de lutte contre les violences faites aux femmes est récente. Nous ne disposons de statistiques sur la question que depuis une dizaine d’années seulement, grâce à l’Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France, ou ENVEFF. Cette dernière a contribué à faire prendre conscience de l’ampleur du phénomène et à rompre – enfin ! – le silence, si assourdissant, qui entourait cette question.

Aujourd’hui, vous avez souhaité m’interpeller sur quatre points : la statistique, la prévention, l’ordonnance de protection, la journée de sensibilisation du 25 novembre, et je veux vous répondre sur chacun d’entre eux.

Le premier point concerne la statistique. Faut-il le rappeler, les violences faites aux femmes trouvent leurs racines dans les inégalités entre femmes et hommes et elles se nourrissent des stéréotypes de genre et du sexisme ordinaire. Ces inégalités sont visibles dans toutes les sphères de la vie, et d’abord dans la sphère économique : nous connaissons les chiffres, les écarts de salaire net entre les femmes et les hommes atteignent 20 % ; ils sont donc considérables et inacceptables.

Ensuite, le partage des responsabilités professionnelles et familiales est aujourd’hui quasi systématiquement défavorable aux femmes. La vie politique, enfin, vous en conviendrez, demeure essentiellement masculine – même si de nombreuses femmes sont présentes dans cet hémicycle, aujourd’hui, ce qui n’est pas habituel !

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