Intervention de Claude Bérit-Débat

Réunion du 8 février 2012 à 14h30
Lutte contre la prolifération du frelon asiatique — Discussion d'une question orale avec débat

Photo de Claude Bérit-DébatClaude Bérit-Débat :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, force est de constater que les pouvoirs publics n’ont pas immédiatement pris la mesure des conséquences de l’arrivée du frelon asiatique sur notre sol.

Il représente pourtant un danger pour l’homme, mais aussi une réelle menace pour les abeilles, dont il se nourrit, et pour la biodiversité, comme cela a été brillamment exposé par notre collègue Nicole Bonnefoy.

Je considère donc pour ma part qu’il est plus que temps, après plusieurs années de tergiversations, de prendre des mesures effectives et efficaces face à cette menace.

La question est délicate, je l’admets. Il est aujourd’hui encore difficile de mesurer précisément l’impact des frelons asiatiques sur l’activité apicole ou agricole. Pourtant, nul ne peut plus contester que ces frelons nuisent aux abeilles elles-mêmes et, par là, à la pollinisation nécessaire aux cultures agricoles et fruitières.

Il suffit d’avoir vu ces frelons attaquer une ruche pour se convaincre de leur effet sur la filière apicole.

Certes, la mortalité des abeilles est aussi liée à l’utilisation de pesticides, ainsi qu’aux ravages causés par le varroa. Il n’en demeure pas moins vrai que les frelons ont une part importante dans ce phénomène. On ne peut toutefois pas encore établir scientifiquement, et je le regrette, qu’ils sont un facteur principal de mortalité des ruchers ni qu’ils ont un impact réel sur la production agricole. C’est ce qui a empêché jusqu’à présent leur classification en « nuisibles ».

Ils ont pourtant à la fois un impact direct sur les abeilles, lorsqu’ils les attaquent, mais aussi un impact indirect, puisqu’ils les stressent, nuisant ainsi à la production de miel et à la reproduction.

Je pense donc qu’il faut dépasser le stade de la controverse scientifique pour reconnaître enfin clairement leur lien direct avec une nuisance sur le monde végétal.

Dans mon département, la Dordogne, on constate depuis l’apparition du frelon une baisse de pollinisation au niveau des plantations de pommiers et de pruniers, mais aussi des effets sur la production de fraises plantées en plein champ, cet insecte s’attaquant même aux fruits rouges.

Les dégâts du frelon asiatique sur l’activité apicole sont d’ores et déjà avérés. Je prendrai encore une fois l’exemple de la Dordogne, qui a été un des tout premiers, après le Lot-et-Garonne, à être envahi par ces insectes.

D’après une enquête menée par le groupement de défense sanitaire apicole de la Dordogne, on constate ainsi, pour 2010, que 27 % des ruches sont affaiblies et que près de 6 % ont été décimées par le frelon. Cette même étude chiffre le coût de ces pertes à plus de 45 000 euros pour les années 2009-2010.

Face aux dangers pour l’homme, qui sont réels puisque l’on compte malheureusement un certain nombre de décès, aux menaces pour l’activité apicole et aux conséquences sur la pollinisation, il est plus que temps d’agir.

Or les solutions actuelles sont bien insuffisantes. On manque par exemple de techniques efficaces pour piéger le frelon. Les méthodes utilisées ne permettent pas un piégeage spécifique des frelons, d’où les risques d’aggraver le mal au lieu de l’éradiquer.

Dans ce contexte, il est important de mettre en place une action coordonnée à l’échelon national pour enrayer un phénomène indiscutablement nuisible à l’activité apicole, mais aussi, plus généralement, à la biodiversité.

Je suis d’ailleurs étonné de constater que, depuis plusieurs années, chacun s’accorde à reconnaître la nécessité d’une politique à l’échelon du territoire sans que l’on soit encore parvenu à la mettre réellement en place !

Nous avons besoin d’un plan d’action vigoureux établissant des modalités de piégeage efficaces qui permettent de lutter contre le frelon, même si nous ne pouvons l’éradiquer malgré les efforts indéniables réalisés, comme l’a souligné Mme Didier, par les communes, les intercommunalités et les conseils généraux. De ce point de vue, j’espère que les pièges à phéromones seront rapidement mis au point.

Ce plan d’action devrait aussi disposer d’un volet visant à limiter l’impact du frelon sur les cultures et à protéger les populations, car le danger est bien réel.

En un mot, il faut aller plus loin, plus vite.

À cet égard, madame la ministre, permettez-moi de m’étonner du fait que notre unique interlocuteur soit le ministère de l’écologie.

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