Intervention de Olivia Cattan

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 11 janvier 2012 : 1ère réunion
Prescription de l'action publique des agressions sexuelles autres que le viol — Table ronde avec les représentantes d'associations engagées dans la lutte contre les violences envers les femmes

Olivia Cattan, présidente de Paroles de femmes :

L'association Paroles de femmes, que je préside, a soutenu Tristane Banon dans l'affaire « DSK ». Même si la tentative de viol dont elle a été victime a été requalifiée en agression sexuelle et reste aujourd'hui impunie, Tristane Banon a été une victime, et c'est ce qui comptait le plus pour elle et lui a permis de tourner la page dans cette affaire.

Comme Marie-Ange Le Boulaire, je pense que la reconnaissance du statut de victime est essentielle à la reconstruction. Je l'ai également intimement éprouvé puisque, victime moi-même d'une agression sexuelle, je n'ai pas eu le courage d'aller porter plainte, probablement en grande partie parce que je ne me suis pas sentie soutenue à l'époque par mon entourage.

Parmi les femmes que nous recevons à l'association, beaucoup nous disent qu'elles n'osent pas faire les démarches : certaines parce qu'elles ne se sentent pas assez entourées pour le faire, d'autres parce qu'elles ont peur des réactions de leur entourage - famille ou collègues - en particulier lorsque l'agression a eu lieu sur le lieu de travail et qu'elles ont peur de perdre leur emploi. Et, en effet, après la plainte, il faut « vivre avec » au quotidien, subir le regard des autres et on oublie souvent que c'est à ce moment-là que les femmes doivent être accompagnées.

Dans le cas de Tristane Banon, la campagne de déstabilisation a été violente : nous avons reçu des insultes, j'ai moi-même été menacée de mort, toutes choses qui me semblent incroyables aujourd'hui dans un pays censé protéger le droit des victimes présumées et, en particulier, des femmes victimes de violences.

A la suite de cette affaire, nous avons donc proposé non seulement à Marie-George Buffet, mais aussi à de nombreux autres responsables politiques de droite comme de gauche, le dispositif de la proposition de loi tendant à allonger le délai de prescription. Je pense que ce délai supplémentaire peut être décisif - il l'aurait probablement été pour moi - pour toutes les femmes qui ont peur et dont la parole, aujourd'hui encore en France, continue à peser moins que celle d'un homme.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion