En effet, il n'est pas possible de renoncer immédiatement aux produits de synthèse. Toutefois, on ne pourra pas poursuivre sur la même voie à long terme : il faut donc engager dès maintenant les efforts de recherche et développement. Par exemple, on n'est qu'au début du travail de recherche concernant la micro-biologie des sols, alors que la recherche a mis au point de nombreux outils nouveaux depuis 40 ans. Il faudra ainsi remplacer les engrais azotés, dont le processus de fabrication consomme 2,5 kilogrammes de pétrole pour 1 kilogramme de produit et engendre une quantité importante d'émissions de GES. C'est maintenant que nous devons commencer à travailler sur l'agriculture de demain et ce serait presque criminel de ne pas lancer ce travail. Remarquons que les rendements n'augmentent plus dans le Bassin parisien et commencent même à baisser, parce que la matière organique des sols est en cours d'effondrement.
Les stocks stratégiques concernent les productions végétales (maïs, blé, riz). Afin d'anticiper et de gérer la variation de l'offre, ils doivent idéalement représenter de 6 à 8 semaines de production, ce qui n'est pas sans engendrer un coût. Dès qu'ils passent à moins d'un mois, cela accroît la volatilité des prix. Il faut également tenir compte de la spéculation réalisée par des acteurs financiers sur les produits agricoles.
Les règles de l'OMC risquent fort de ne pas évoluer. L'Union européenne s'interdit strictement d'y déroger, ce qui n'est pas le cas de pays comme l'Inde, la Chine ou les États-Unis. Or, tant qu'une transgression n'est pas dénoncée par un autre pays, elle ne peut être sanctionnée.
Il faut développer et mieux organiser les filières courtes comme les filières longues. Les interprofessions doivent se mobiliser à cet effet, sachant que la contractualisation est amenée à prendre de l'importance.
Les droits de plantation viticoles et les quotas sucriers seront peut-être conservés finalement. On commence même à se demander s'il n'aurait pas fallu garder les quotas laitiers. On va passer à une forme collective de contractualisation, entre deux secteurs de la profession : la production et la transformation.
Sur les salaires et la convergence européenne, nous estimons que les rapprochements doivent être liés au niveau de vie de chaque État membre. La convergence à l'échelle nationale va être un enjeu important. Les financements de la PAC vont nécessairement faire l'objet d'une redistribution afin de leur donner véritablement un sens : les 30 000 céréaliers les plus riches, qui en ont les moyens, seront moins bien pourvus au profit de ceux des zones intermédiaires, des éleveurs, des producteurs de fruits et légumes et des viticulteurs.
Le verdissement de la PAC doit se faire progressivement et de façon incitative. La démarche de la Commission européenne est moins dynamique. Les trois mesures françaises de verdissement sont en réalité déjà respectées par la quasi intégralité des agriculteurs, qu'il s'agisse de l'interdiction du retournement des prairies permanentes, de l'obligation d'avoir au moins trois cultures et de l'exigence de présenter 7 % d'infrastructures écologiques. Ces contraintes ne sont donc pas un problème, hormis pour les agriculteurs qui sont « tout en herbe », pour lesquels des adaptations pourraient être trouvées. Je ne vois donc pas pourquoi certains sont si hostiles au verdissement. La seule interrogation réside dans l'efficience de ces mesures.