Intervention de Jean-Louis Carrère

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 29 février 2012 : 1ère réunion
Situation en iran — Audition de M. Jacques Audibert directeur général des affaires politiques et de sécurité au ministère des affaires étrangères et européennes

Photo de Jean-Louis CarrèreJean-Louis Carrère, président :

Monsieur le directeur général, nous avons souhaité vous entendre sur l'Iran car la visite de l'AIEA de la semaine dernière concentre l'attention sur le sujet du nucléaire iranien. Mais nous souhaiterions que votre audition porte au-delà du seul sujet du militaire nucléaire et de la prolifération au Moyen-Orient pour traiter de l'évolution interne du régime et des relations régionales. Mes collègues vous poseront sans aucun doute beaucoup de questions sur ce sujet.

Pour ce qui est du nucléaire, je comprends que notre diplomatie se bat actuellement sur trois fronts :

- le front du terrain -en Iran- qui comprend, d'une part, l'accès aux sites susceptibles d'accueillir des activités d'enrichissement d'uranium militaire - le site de Fordow et surtout celui de Parchin, dans la banlieue de Téhéran et puis, d'autre part, les gesticulations de l'Iran dans le détroit d'Ormuz et leurs conséquences sur le prix du pétrole. Où en sommes-nous ? Il se dit que l'Iran disposerait d'une centaine de kg (105 - 110 ?) d'uranium enrichi à 20 % -c'est-à-dire, je le rappelle au seuil légal défini par l'AIE - pour l'uranium à usage civil. Les autorités iraniennes pourraient, si elles le décidaient, pousser la production à 90 %, taux nécessaire pour l'uranium militaire, car l'on va beaucoup plus vite de 20 à 90 % que de 0,7 % (uranium naturel) à 20 %. Cela supposerait néanmoins qu'ils dénoncent le TNP (traité sur la non-prolifération) et qu'ils n'acceptent plus aucune visite des représentants de l'AIEA. Quoiqu'il en soit, avec de l'uranium à 20 % les Iraniens sont donc en capacité d'obtenir, selon l'expression consacrée, la quantité de matière significative à brève échéance. Cela ne veut pas dire pour autant qu'ils possèdent toutes les technologies nécessaires à la fabrication d'armes, je pense en particulier à la fabrication des corps de rentrée. D'un autre côté l'ayatollah Khamenei a encore rappelé, le 22 février dernier, que l'Iran n'a jamais cherché à obtenir des armes nucléaires et que ces armes n'apportaient pas la puissance. L'ayatollah Khamenei serait-il un menteur ? Est-il concevable qu'il ne sache pas tout ce qui se passe dans son pays ? Ou bien, à l'heure actuelle, la décision de franchir le Rubicond militaire n'a pas encore été prise ;

- le front des sanctions -celles-ci ont considérablement changé de nature depuis novembre 2011. Comment en vérifiez-vous l'application ? Quels en sont les effets ?

- enfin, le front des négociations -c'est sur ce front que vous pouvez nous apporter le plus d'information. Qu'est-ce que nos négociateurs demandent aux Iraniens ? Que souhaitent-ils obtenir ?

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