Intervention de Jacques Audibert

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 29 février 2012 : 1ère réunion
Situation en iran — Audition de M. Jacques Audibert directeur général des affaires politiques et de sécurité au ministère des affaires étrangères et européennes

Jacques Audibert, directeur général des affaires politiques et de sécurité du ministère des affaires étrangères et européennes :

La Corée du Nord continue à être très lourdement sanctionnée et l'on ne peut pas dire que cela soit sans effet.

Le changement de régime en Iran n'est pas un objectif dans ce processus. Les sanctions font d'abord peser un coût économique, puis un coût social et dès lors cela peut avoir un coût politique exorbitant si les populations contestent l'attitude du pouvoir en place.

Dire que les sanctions ne servent à rien ne correspond pas à la réalité et a contrario les lever sans condition, c'est récompenser ceux qui violent la norme internationale. Ce qui est en jeu, de mon point de vue très personnel, c'est comment se comporterait un Iran sanctuarisé par l'acquisition de l'arme nucléaire, comment utiliserait-il ses capacités sanctuarisés au Sud-Liban, dans le détroit d'Ormuz, pour entraver le trafic pétrolier ? Les autres pays de la région en tireront les conséquences et seront naturellement tentés d'acquérir une capacité nucléaire opérationnelle. Les autres leaders régionaux pourraient franchir le pas et ce serait la fin du TNP dans cette région et dans le reste du monde. Voici ce qui est en jeu.

On ne peut pas nier que le programme a été poursuivi. On ne peut pas nier que la pression a été multipliée par un facteur très important. On ne peut nier que la communauté internationale reste unie pour demander à l'Iran de respecter ses engagements et c'est dans la persévérance que nous obtiendrons ces résultats.

S'agissant de l'accord « magique » de mai 2010 sur le TRR. Je vous suggère de le lire et notamment son article premier qui prévoit l'arrêt de toute sanction et de toute expression critique contre le régime iranien. La lecture de la tribune publiée peu de temps après dans le journal Kayani par le Guide suprême Ali Khamenei est également révélatrice pour comprendre combien il constituait un moyen de déstabiliser l'unité de la communauté internationale et uniquement cela. Sur ce point, je suis catégorique. Quant au soutien de M. Obama, je constate que quinze jours après les États-Unis votaient le renforcement des sanctions.

S'agissant de la situation intérieure, les élections législatives qui vont intervenir cette semaine sont les premières élections depuis les manifestations de 2009. Elles vont opposer deux tendances aussi conservatrices l'une que l'autre. Les leaders de la « révolution verte » sont toujours en résidence surveillée. La réalité du régime iranien c'est un passage d'un système révolutionnaire-religieux à un système policier sous contrôle des « gardiens de la révolution ». Le clergé est marginalisé. Les pasdaran contrôlent avec efficacité tout le dispositif de surveillance et de répression et une large part de l'économie du pays. Dans ce contexte, le Guide suprême est en mesure d'imposer ses vues et le programme nucléaire est son oeuvre, il ne renoncera pas facilement. Nous n'attendons pas grand-chose de ce scrutin.

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