Le TNP n'empêche pas l'enrichissement de l'uranium s'il est destiné à des fins civiles. Évidemment, il y a un soupçon de développement militaire puisqu'il n'y a pas de centrales nucléaires civiles. Mais on peut penser que le but de l'Iran est, sur le plan militaire, d'acquérir la technologie pour devenir un « pays du seuil » comme le Japon, le Brésil ou l'Allemagne. Certains pays sont à ce stade ou quasiment, Israël, bien sûr, mais aussi l'Arabie Saoudite compte tenu de sa proximité avec le Pakistan dont elle a sans doute financé largement le programme. L'interventionnisme des pays sunnites, comme l'Arabie saoudite et le Qatar en Syrie, en armant l'Armée syrienne libre, ce qui est un comportement condamné par le droit international, ne représente-t-il pas une menace pour l'Iran chiite et une incitation à poursuivre son programme ?
Est-il acceptable de considérer, comme certains dirigeants israéliens, qu'être doté de l'arme nucléaire et être un pays du seuil, cela revient au même et de justifier ainsi une éventuelle frappe ? Avons-nous évalué les conséquences diplomatiques d'une éventuelle attaque d'Israël ? Que se passera-t-il à Ormuz ? Quelles conséquences sur le prix du pétrole et sur le marché ? Avec les sanctions, les pays asiatiques deviennent les acheteurs exclusifs du pétrole iranien dont ils ont besoin. Nous faisons le lit de la Chine dans le Golfe. Avons-nous bien calibré notre position ? Sommes-nous aussi ardents à convaincre Israël de renoncer à des frappes qu'à inciter l'Iran à renoncer à ce programme nucléaire militaire ? En la matière, beaucoup est dans l'équilibre des positions. Par notre position, ne donnons nous pas des arguments à ceux qui veulent frapper ?