Intervention de Jacques Audibert

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 29 février 2012 : 1ère réunion
Situation en iran — Audition de M. Jacques Audibert directeur général des affaires politiques et de sécurité au ministère des affaires étrangères et européennes

Jacques Audibert, directeur général des affaires politiques et de sécurité du ministère des affaires étrangères et européennes :

Aujourd'hui la Chine est dépendante à 22 % du pétrole iranien. Cette position n'est pas jugée très souhaitable par les Chinois eux-mêmes qui, en dehors de toute appréciation politique, cherchent plutôt à diversifier leurs sources d'approvisionnement et à diminuer leur dépendance par rapport à l'Iran.

Notre but fondamental est d'éviter les frappes. Leurs effets potentiels sont difficiles à évaluer. Certains sites ont été durcis. Cela se mesurera en années de retard, non en irréversibilité, et au regard de la capacité du gouvernement iranien à rester uni face à un tel événement. Il y a également un risque de sortie de l'Iran du TNP. Les Israéliens débattent. Le seul argument pour freiner ceux qui veulent agir militairement, c'est de montrer que le processus fonctionne. Dire que les sanctions ne fonctionnent pas ne peut que renforcer les partisans de l'option militaire. Ce qui va dans le sens de la stabilité, c'est la démonstration d'un processus crédible et qui se poursuit : la mise en oeuvre des résolutions du Conseil de sécurité. Les conséquences de frappes peuvent être multiples : retrait de l'Iran du TNP, au moment même où la communauté internationale souhaite en rendre plus difficiles les conditions, blocage ou perturbation de la circulation des pétroliers dans le détroit d'Ormuz et impact sur le prix du pétrole, accrochages dans le Golfe persique, actions terroristes, regain d'actions de déstabilisation, en Irak, au Sud-Liban et en Palestine, frappes balistiques conventionnelles contre Israël...

L'AIEA effectue la comptabilité matière, qu'elle a publiée dans son dernier rapport : 5 451 kg d'uranium enrichi à 3,5% et 8.828 centrifugeuses enrichissant l'uranium à une telle teneur, 110 kg d'uranium enrichi à près de 20% et 1 024 centrifugeuses fonctionnant pour augmenter ce stock, sur les sites contrôlés. Dans les sites qu'elle contrôle, les mesures sont sérieuses et permanentes (scellés, vidéosurveillance...). Mais, bien entendu, rien n'exclut l'existence d'autres sites.

La diplomatie européenne fonctionne. C'est l'Union européenne qui a défini le niveau des sanctions, notamment en matière d'arrêt des importations de pétrole. Ce faisant, quand Mme Ashton négocie c'est au nom des trois pays européens (Allemagne, France, Royaume-Uni) et même au-delà du groupe E3 + 3, qui comprend également les États-Unis, la Chine et la Russie, et non au nom de l'Union européenne qui n'est pas partie à la négociation.

La pérennisation d'un éventuel accord est avant tout une question de confiance. Elle repose sur sa mise en oeuvre effective. J'ajoute que la communauté internationale a indiqué un catalogue de possibilités de coopération avec l'Iran, y compris dans le développement du nucléaire civil, et cela dès 2006. Personne ne veut empêcher l'Iran de développer le nucléaire civil. D'ailleurs, elle possède une centrale nucléaire, à Buchehr, qui fonctionne avec du combustible fourni par la Russie.

Le fondement du malaise, c'est un mensonge, d'abord sur le développement du programme, puis sur l'existence d'un second site, mais aussi sur l'incohérence économique du discours sur le caractère civil des développements en cours, et enfin sur les activités de militarisation relevées par l'AIEA dans son rapport de novembre dernier.

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