Comme certains d'entre vous ont pu le constater lors de l'audition du ministre de la coopération, M. Henri de Raincourt, la semaine dernière, la situation actuellement au Nord Mali est particulièrement préoccupante.
Je voudrais en introduction souligner l'urgence de la situation. Nous assistons à une crise politique et humanitaire dont les conséquences pourraient s'aggraver dans les mois qui viennent.
La rébellion touarègue, qui a pris les armes le 17 janvier dernier, contrôle désormais plus d'un tiers du Nord Mali. Il y a 50 000 réfugiés dans les pays avoisinants : Niger, Mauritanie et Algérie, et plus de 60 000 déplacés qui ont fui les zones de conflit pour se réfugier au sud du Mali.
Cette crise est de nature à mettre en péril le processus électoral qui doit débuter le 29 avril prochain avec le premier tour des élections présidentielles. Le report éventuel des élections pourrait ouvrir une période d'incertitude pour les institutions démocratiques du Mali. Ce conflit armé, à l'approche de la période de soudure, dans un contexte où la sécurité alimentaire de la région est extrêmement fragile, pourrait déboucher sur une crise humanitaire de grande ampleur. Enfin, cette période de trouble favorise la consolidation des campements d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) au Nord Mali qui détient, il ne faut pas l'oublier, six otages français.
L'ensemble de ces éléments explique l'urgence avec laquelle nous nous sommes saisis du sujet. La question touarègue n'est pas nouvelle. Cela fait des années que j'attire l'attention des pouvoirs publics sur cette question. Mes premières interventions sur ce sujet datent de 2006, avec l'interpellation du ministre des affaires étrangères de l'époque. J'ai dû me rendre à l'évidence qu'aussi bien au niveau national qu'européen ce dossier a suscité peu d'intérêt. Notre collègue Jean-Pierre Masseret avait saisi de cette question, à la même époque, M. Javier Solana, alors Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune, sans obtenir de réponse. Le premier qui a bien voulu me répondre est M. Alain Juppé qui, suite à mes questions, a pris le soin de m'écrire pour détailler la position de la France.
Nous avons procédé avec Alain Gournac à plusieurs auditions des services du MAEE et du MINDEF et d'un représentant de la rébellion Touareg, avec lequel je suis en contact depuis plusieurs années. L'audition du ministre de la coopération a montré qu'Henri de Raincourt avait pris la mesure de la situation et s'était mobilisé en effectuant une tournée des capitales des principaux pays impliqués : le Mali bien sûr, l'Algérie évidemment, mais aussi la Mauritanie et le Niger.
L'urgence explique que nous nous saisissions du sujet pour maintenir une pression sur le Gouvernement français afin qu'il mette tous les moyens en oeuvre pour favoriser une solution négociée entre toutes les parties.
Je remercie le président Carrère de nous avoir confié cette mission aussi rapidement et d'avoir organisé l'audition de M. de Raincourt dès son retour d'Alger.