Nous travaillons à partir de nos recherches internes, sans reprendre directement les ratings dans la mesure où ils ne sont que coïncidents et non prédictifs, et où les conclusions que l'on en tire sont discutables dès lors que l'on sait que les agences forment leurs analyses à partir des road shows des émetteurs et qu'elles ne peuvent pas faire un suivi régulier, ne serait-ce que des 500 émetteurs réguliers. Il faudrait que les agences soient payées par les investisseurs.
Le marché obligataire de la zone euro a été construit pour les besoins des émetteurs, l'investisseur n'y trouvant pas les placements répondant à ses besoins précis et se contentant d'y acheter des titres parce qu'ils sont liquides.
En tant que société de gestion, nous effectuons notre propre rating indépendamment de la banque, en nous projetant à un certain horizon, même si ensuite il nous fait justifier nos choix vis-à-vis de nos clients, notamment par rapport aux fameux ratings des agences alors même qu'elles n'ont pas vu arriver le problème de la Grèce ou ceux du secteur des télécoms en 2002-2003.
Où est-ce que cela coince ? Dans le fait que tous les régulateurs ainsi que les nouvelles règlementations sont basées sur le rating. Or si celui-ci a pu fonctionner pour le secteur industriel auquel un certain nombre de règles statistiques s'appliquent, tel n'est pas le cas pour les risques bancaires ou souverains. Comme l'a dit Eric Le Coz, si j'achète du papier de l'État italien je dois penser à la façon dont je vais le revendre si sa notation est abaissée à triple B.