Vous avez la réputation d'être un homme compétent et rigoureux mais peut-être êtes-vous aussi un peu indulgent...
Je pense en effet que les agences de notation ont été à l'origine de véritables catastrophes et qu'elles ont commis des erreurs d'analyse dramatiques. Pourtant, et ce n'est pas le moindre des paradoxes, il est encore indispensable de s'adresser à elles pour avoir accès aux marchés financiers ! Il me paraît aujourd'hui nécessaire de réagir face aux excès de la haute finance et d'envisager une réforme de grande ampleur du système financier.
Les agences doivent être davantage responsabilisées car, à l'évidence, elles ne se contentent pas d'émettre des opinions. Une régulation renforcée doit être mise en place mais elle ne peut l'être qu'à l'échelle internationale, sans quoi des déséquilibres apparaîtraient. A cet égard, le Fonds monétaire international (FMI) ne pourrait-il pas jouer efficacement le rôle de « juge de paix » ?
Par ailleurs, l'AMF, qui rédige un rapport annuel, n'aurait-elle pas pu mieux anticiper les problèmes que nous connaissons et jouer un rôle d'alerte ? Concernant la fausse information diffusée par Standard & Poor's, qui a pu avoir des conséquences financières sérieuses, que va-t-il concrètement se passer ? Enfin, est-il acceptable qu'une équipe composée de seulement deux analystes étrangers, basés l'un à Madrid l'autre à Francfort, prétende noter la dette de la France ? Nous avons auditionné ce matin M. François David, président de la Coface, qui nous a indiqué que son entreprise disposait d'une expertise bien plus solide pour la notation de la dette des Etats ou des entreprises.