Je suis président de l'établissement public du musée d'Orsay et du musée de l'Orangerie. En effet, depuis 2010, ces deux musées ont été fusionnés pour le bien des deux institutions.
Des travaux de rénovation assez importants du musée d'Orsay ont été entrepris. Créé il y a vingt-cinq ans avec le succès que l'on connaît, le musée d'Orsay rassemble la plus grande collection impressionniste du monde, justifiant la visite à Paris d'un grand nombre de touristes.
Dès l'origine, ce musée se voulait interdisciplinaire, et le premier musée s'ouvrant à la philosophie, à l'histoire sociale, à la naissance du cinéma... Hier soir, par exemple, ont été projetés dans la nef du musée d'Orsay les films Fantômas réalisés par Louis Feuillade dans leur version intégrale. Depuis l'origine, les activités du musée sont multiples. Sa création, sous l'égide de Michel Laclotte, avait signé ce grand « boom » des musées en France. Ce contexte a justifié la rénovation du musée du Louvre et du Centre Pompidou, qui sont devenus deux « puissances planétaires ». Le musée d'Orsay est le plus petit des grands musées nationaux.
Le segment historique du musée est assez limité, car il débute avec la révolution de 1848 qui a porté au pouvoir la Seconde République pour s'achever au début de la première guerre mondiale. Ces soixante années sont parmi les plus riches de l'histoire de l'humanité. La dimension historique est sous-jacente à la plupart des actions que nous menons.
Le musée d'Orsay est également responsable de dépôts en région. 5 000 peintures et sculptures sont réparties dans des musées, mais aussi dans des mairies et des préfectures. Nous avons la tâche de remembrer ce patrimoine dispersé. En effet, la loi sur les musées nous a interdit les dépôts d'oeuvres dans les collectivités territoriales.
Le budget du musée est de 50 millions d'euros dont la moitié provient de ressources propres. Le billet d'entrée, fixé à 9 euros, est un des moins chers sur la place de Paris. Nous avons réussi à étendre la gratuité pour les jeunes de 18 à 25 ans à l'ensemble des ressortissants des pays européens et aux expositions, sans mettre en danger nos finances. Nous sommes le seul musée à le faire. Partout en Europe, les expositions sont payantes.
La rénovation du musée d'Orsay devrait se poursuivre dans les années à venir. Sur une base d'un tiers financé par l'État, le musée d'Orsay apporte les deux tiers du coût total des travaux qui s'élèvent à 17 millions d'euros pour la rénovation de la moitié des salles du musée, et en particulier celles consacrées aux impressionnistes, qui ont été radicalement transformées. Nous avons lancé aussi une politique de restauration des peintures et sculptures.
Les peintures et sculptures ont ainsi été placées ensemble dans les salles consacrées aux impressionnistes. Nous présentons les premières fontes de Rodin au milieu d'une salle réservée au peintre Monet. Cette avancée muséographique est intéressante pour les publics scolaires afin qu'ils perçoivent l'art dans sa totalité expressive. Quatre nouveaux étages consacrés aux arts décoratifs ont été créés. Nous avons mis ensemble de grands décors de Bonnard et de Vuillart avec de l'art décoratif et de la sculpture de la dernière période présentée au musée d'Orsay.
Nous avons accru la collection des créateurs de la période 1910-1914 dont le musée d'Orsay n'était pas très riche. S'agissant des acquisitions, il est possible d'y consacrer aujourd'hui 16 % de l'ensemble du prix de vente des billets d'entrée aux deux musées.
La fusion avec le musée d'Orsay a permis à celui de l'Orangerie de passer d'une exposition tous les trois ans à deux par an. L'exposition sur la peinture espagnole au XIXe siècle pour laquelle les musées espagnols et catalans ont été très coopératifs a accueilli 200 000 visiteurs.
J'ai déjà évoqué les 5 000 dépôts dans toutes les institutions. Nous prêtons de plus en plus aux musées étrangers mais aussi aux musées de région. Il s'agit d'une nouveauté que nous avons articulée depuis trois à quatre ans. Les musées de région se lancent ainsi dans des expositions assez audacieuses. Le musée de Montpellier qui a une des politiques les plus avancées d'organisation d'expositions a bénéficié pour son exposition Redon du prêt de tout le fonds du musée d'Orsay. Les musées de Marseille s'engagent l'année prochaine dans l'opération « Marseille capitale européenne de la culture ». L'Atelier du Midi sera réparti entre deux lieux, Aix en Provence et Marseille ; à cette occasion, le musée d'Orsay prêtera une grande partie de son fonds, tous les tableaux de l'époque de Van Gogh à Arles, des toiles de Cézanne et quelques Derain, et pour le musée de l'Orangerie toutes ses peintures de Matisse. Par notre présence, nous assurons le succès de l'opération. Cette politique permet d'encourager d'autres prêts, notamment de musées américains.