Le Louvre est un musée universel, ce principe a été posé par la Révolution française et confirmé par l'Empire. Il est fidèle à son coeur de métier : acquisition, conservation, protection et mise à disposition des oeuvres. C'est aussi un musée national dont les collections, les compétences et le savoir-faire sont au service de la Nation.
Enfin, le Louvre est un palais qui s'inscrit dans une longue tradition marquée par l'histoire de France. C'est un exemple quasiment unique au monde, excepté le palais de l'Hermitage à Saint-Pétersbourg.
Le Louvre est le plus grand musée du monde par sa fréquentation : 8,8 millions de visiteurs l'année dernière, ce qui le place très au-dessus des grands musées, à une distance de 3 millions de visiteurs. Il est fréquenté par 65 à 70 % d'étrangers. La proportion de Français est donc forte. Le nombre de visiteurs a augmenté de 70 % en dix ans. Un visiteur sur deux a moins de trente ans. En outre, 97 % des visiteurs se disent satisfaits de leur visite.
Le musée du Louvre se déploie sur 70 000 mètres carrés et présente 35 000 oeuvres. Ses collections sont constamment enrichies par de nouvelles acquisitions.
Le musée fait preuve d'un grand dynamisme dans sa programmation. Nous proposons dans l'enceinte du musée vingt expositions par an. Le musée est en contact avec plus de soixante-dix pays. Une douzaine d'expositions sont organisées à l'étranger chaque année qui attirent deux à trois millions de visiteurs.
Nous avons essayé de renouveler la vocation internationale du musée du Louvre. Il a toujours connu une activité internationale forte avec des collaborations entretenues, dès le milieu du XIXe siècle, avec l'Égypte, la Syrie, la Mésopotamie et l'Iran. Aujourd'hui, le Louvre est sollicité sur de nouveaux chantiers de fouilles ou pour des expertises dans le monde entier. Les propositions qui nous sont faites se diversifient puisqu'aux missions scientifiques qui avaient fondé notre expertise aux XIX et XXe siècles, s'ajoutent de plus en plus des demandes en matière d'architecture, de muséographie, de conservation du patrimoine d'un très grand nombre de pays. Le projet emblématique est celui du Louvre à Abou Dhabi. Notre attention s'est portée également sur de nouveaux territoires, comme le monde slave avec l'exposition réalisée en 2010 sur la Sainte-Russie. Nous allons créer un département des arts de Byzance et des chrétientés d'Orient.
Le musée joue aujourd'hui dans la cité un rôle éducatif et social considérable. Cette dimension est à prendre en compte dans les actions conduites dans ces domaines. Je pense à l'implication du musée dans l'éducation artistique, avec la création de manuels pédagogiques destinés aux enseignants.
C'est aussi la prise en considération de publics diversifiés par des politiques ciblées, en direction des jeunes, du champ social ou des publics empêchés. Il nous faut prendre conscience qu'un musée comme le Louvre est impressionnant et qu'il est nécessaire de prendre par la main certains publics pour lesquels il peut paraître rebutant. Des opérations importantes ont été menées avec l'administration pénitentiaire et actuellement nous élaborons un partenariat avec l'assistance publique des hôpitaux de Paris.
Le Louvre est un musée national. Nous avons cherché un slogan pour le qualifier. Le plus juste que nous ayons trouvé est « ouvert à tous depuis 1793 ». C'est une ouverture sur les territoires marquée par des expositions en région. Je citerai celle que nous avons conduite l'année dernière à Béthune ou celle que nous allons réaliser au Puy-en-Velay. Une politique de prêts est également menée. Chaptal, ministre de Napoléon, parlait de la part sacrée que le Louvre devait à l'ensemble des musées de province. C'est une tradition que nous poursuivons.
Le Louvre Lens est un projet important, porté par la région Nord-Pas-de-Calais. Le bâtiment sera achevé à la fin de l'année et inauguré le 4 décembre 2012.
La politique d'ouverture à l'art contemporain du Louvre fonde le renouveau de son public. Nos collections s'arrêtent en 1850. Il est important d'entendre autour des collections des voix diverses, non seulement celle des historiens de l'art, mais aussi de faire poser des regards qui touchent à des mondes différents, dont celui de la création contemporaine. La politique des grands invités a renouvelé la vocation et le public du musée.
Le site Internet du musée du Louvre a été entièrement renouvelé. Concernant l'innovation dans le domaine de la gestion, je citerai un seul exemple, le fonds de dotation. A l'instar des grandes institutions anglo-saxonnes, nous l'avons créé pour capitaliser afin de conduire des projets précis.
Quels sont nos grands projets ? Le premier concerne les arts de l'Islam. Considérant la part réduite de cette collection au sein du musée, pourtant une des plus belles au monde, qui s'étend du VIIe au XIXe siècles et de l'Espagne à l'Inde et aux frontières de la Chine, le Président de la République Jacques Chirac a soutenu la décision de créer un département qui leur soit consacré. Ce nouveau projet muséographique sera installé dans une des cours du musée du Louvre. Il sera inauguré en septembre prochain et s'étendra sur 4 000 mètres carrés pour un budget de 100 millions d'euros, dont 28 millions d'euros provenant de l'État.
Nous avons également des projets de rénovation, car le Louvre dispose de beaucoup d'espaces en souffrance. Je pense aux arts décoratifs du XVIIIe siècle qui bénéficieront d'espaces rénovés.
Le projet Pyramide est lié à l'augmentation de la fréquentation. Cet espace a été conçu dans les années 1980 pour recevoir 4 à 4,5 millions de visiteurs. La fréquentation a doublé, posant des problèmes de logistique et d'accueil des visiteurs.
S'agissant des projets hors les murs, le plus important sur le plan national, le Louvre Lens, est en voie d'achèvement. Le projet Louvre Abou Dhabi est reparti après une période d'incertitudes. Il devrait ouvrir avant 2015. Enfin, il faut citer l'attribution par l'État de l'Hôtel de la Marine au pilotage du Louvre, projet qui doit rassembler plusieurs institutions.