Je vais tenter de répondre à l'ensemble des questions avant de laisser la parole à M. Barbaret :
- nous ne pouvons pas parler de désengagement général de l'État, car il faut citer l'effort considérable de ce dernier en matière de dispositifs fiscaux en faveur du mécénat puisque nous bénéficions d'un dispositif unique au monde, qui permet d'ailleurs au Louvre de recevoir entre 30 et 50 millions d'euros chaque année. J'en profite pour signaler qu'une étude commandée en 2008 montre l'impact économique d'une institution comme le musée du Louvre : tout euro donné par l'État au Louvre serait rendu et multiplié par dix par le musée ;
- pour ce qui concerne le rôle éducatif et social du Louvre et des musées en général, je rappelle que lorsque je suis arrivé dans ce secteur, cette question ne constituait pas une préoccupation. Nous essayons aujourd'hui de développer cette politique et recevons 650 000 scolaires malgré une aide très faible de l'éducation nationale. Nous avons les « classes Louvre » qui sont des partenariats avec certains établissements de zones défavorisées afin que les élèves s'approprient le musée du Louvre. Une réunion annuelle leur permet de présenter à leurs proches les travaux réalisés sur certaines oeuvres. Nous essayons de transmettre le goût des collections et des oeuvres d'art aux publics qui en sont les plus éloignés. Nous avons d'ailleurs une politique en direction des publics empêchés, dans les hôpitaux ou les prisons. Nous avons ainsi initié un partenariat avec la maison d'arrêt de la Santé et avec la prison de Poissy, et travaillons dans le cadre du programme immobilier pénitentiaire afin d'insérer des espaces muséographiques. Nous développons également les visites virtuelles pour les 12 millions d'internautes annuels ;
- la rénovation d'espaces a notamment concerné le département des arts de l'Islam. Ce projet reposait à la fois sur une considération artistique et sur un geste politique fort. Tous les éléments de médiation sont importants dans ce département pour faire comprendre la grandeur de cette civilisation ;
- le projet du Centre national de conservation, de restauration et de recherches patrimoniales est né d'une obligation ardente de délocaliser les réserves du Louvre mais aussi de la plupart des musées parisiens, situées en zones inondables. Il a une double vocation : à la fois rassembler les réserves situées dans de telles zones, mais aussi en profiter pour construire un projet plus ambitieux de laboratoire de recherche et de restauration, fédérant ce qui est actuellement dispersé avec la possibilité d'ouvrir certains des espaces au public dans le cadre d'un partenariat avec l'Institut national du patrimoine. Il s'agit de montrer les métiers du patrimoine, de la recherche et de la restauration. Il faut d'ailleurs noter que le Louvre constitue un véritable conservatoire des métiers dont il faut garantir l'héritage. Cette idée de transmission pourra d'ailleurs être exploitée dans le cadre du projet de l'Hôtel de la Marine ;
- sur la politique des dépôts, je précise que le musée du Louvre a toujours accompagné les plans de rénovation des musées comme à Anger, à Valence, et auparavant à Strasbourg ou Roubaix. Il existe aussi des partenariats comme avec Castres. Enfin, le projet emblématique de Lens montre notre engagement fort et rappelle que le musée du Louvre est avant tout au service de l'ensemble de la Nation.