S'agissant de l'accès au marché, je ne suis pas d'accord avec vous : les pays qui verraient leur note suspendue seraient l'Irlande ou le Portugal, qui sont déjà défavorisés dans ce domaine. Imaginons des difficultés avec l'Espagne -ce qui est à craindre dans les semaines ou les mois à venir : si on commence à parler d'une restructuration ou d'un plan d'aide, supprimer la note de l'Espagne signifiera qu'on essaye de cacher certains éléments aux investisseurs. Je suis donc vraiment réservé sur ce point...
Je comprends fort bien que l'on ne veuille pas être noté. C'est fort légitime. Le problème vient du fait que les réglementations y obligent aujourd'hui. Il y a quelques mois, une nouvelle réglementation de l'Autorité des marchés financiers (AMF) a forcé les émetteurs de titres à court terme à êtres notés. L'intoxication continue donc ! Malgré tout, cela sert de repères aux entreprises. Lorsque vous détenez un triple B, vous êtes très heureux de pouvoir montrer que vous vous situez dans la catégorie « investissements » mais il est vrai que le caractère automatique est problématique. On pourrait imaginer que ce soit facultatif et que l'investisseur lui-même demande à une agence le niveau de solvabilité des entreprises en question.
Quant au débat entre la France et l'Allemagne, noter un souverain est éminemment complexe. Ceci vient du fait que la dégradation de la solvabilité d'un émetteur « corporate » peut être rapide. La complexité de la notation d'un souverain est davantage liée à la non prise en compte d'éléments qui, ex-post, crevaient les yeux : situation d'une banque ou d'un secteur bancaire, etc. Dans le cas précis de l'Allemagne et du nucléaire, on est sur du long terme. Or, les agences ne regardent pas le long terme ; les notes ont une valeur indicative d'un an environ, voire un peu plus. Elles ont malgré tout leur « marotte », comme le rôle accru de la BCE...
A titre personnel, je crois que les agences se sont peut-être un peu trop avancées en affirmant que l'Allemagne ne serait en aucun cas dégradée au cours de l'année 2012. Le secteur bancaire allemand est plus fragile que le secteur bancaire français. La volonté de Standard and Poor's, en faisant ces annonces, était de bien faire comprendre que l'Allemagne était jugée comme nettement plus solvable que la France. Le message est passé mais ce type d'engagement peut être problématique.