Quels sont les freins à la dévolution du patrimoine ? Il y faut une stratégie de long terme, liée à la gouvernance. Là est le problème. La nouvelle présidence, à Poitiers, se situera-t-elle dans la continuité de la précédente, qui avait courageusement entrepris une restructuration immobilière complète, en concertation avec les collectivités, pour réduire un parc trop important et transférer des mètres carrés pédagogiques vers des mètres carrés de recherche ?
Autre difficulté, les surfaces ne sont trop souvent qu'estimées. A quoi s'ajoute le manque de personnel spécialisé, y compris du côté de l'État, où les rectorats sont mal armés, ne disposant que de l'ingénieur régional de l'équipement et de quelques fonctionnaires à la compétence inégale. France-Domaine n'est d'ailleurs pas toujours armé sur ces questions. La situation globale apparaît peu satisfaisante.
On connaît la tentation de l'État de reprendre d'une main ce qu'il a concédé de l'autre. Le transfert de patrimoine exige de la constance, or, nous avons pu constater, à Poitiers, que les contrôles sont un peu trop systématiques, les exigences de dotation aux amortissements un peu excessives... Il faut faire confiance aux universités.
Se pose, enfin, la question, centrale, des collectivités. La nouvelle phase qui se prépare doit s'accompagner d'une réflexion sur la décentralisation. L'Association des régions de France a émis des hypothèses. Les régions doivent-elles jouer un rôle de substitut de l'État ? Je rappelle que la loi n'est pas dans une logique du tout ou rien. On peut imaginer que les collectivités prennent un rôle important dans certains domaines, comme elles l'ont fait, avec succès, pour la vie étudiante. Pour les métropoles régionales, l'autonomie des universités porte des enjeux fonciers et de développement majeurs, qui ne doivent pas dépendre des seules universités. La tentation d'un désengagement massif de l'État pourrait mettre en cause les missions de la recherche et de l'université.