Intervention de François Baroin

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 11 avril 2012 : 1ère réunion
Projet de programme de stabilité — Audition de M. François Baroin ministre de l'économie des finances et de l'industrie et de Mme Valérie Pécresse ministre du budget des comptes publics et de la réforme de l'etat

François Baroin, ministre de l'économie, des finances et du budget :

Vous avez évoqué le semestre européen. Je garde en mémoire la qualité de nos débats de l'an passé. Nous poursuivons ici nos engagements, pour la période 2012-2016. La zone euro, depuis l'été 2011, a été ébranlée par la crise la plus violente de son histoire. L'euro, après s'être hissé en quelques années au rang de monnaie de réserve internationale, a été mis en question. Nous restons convaincus que le facteur de stabilité qu'est ce patrimoine commun sortira renforcé de la crise, parce qu'elle a déclenché une procédure de convergence sans précédent. Un effet salutaire, en somme : chacun a désormais conscience que les politiques qui ne se soucient que du partage de la croissance sans égards pour ce qui fait la croissance, sont condamnées.

Nous sommes entrés dans un processus intergouvernemental, nécessaire pour réduire les déséquilibres qui sont les véritables causes de la crise. Pôle d'innovation et premier marché du monde, l'Europe compte cent des 500 premières entreprises mondiales - la France, avec 35 sociétés, en compte plus que l'Allemagne. Ces atouts solides ne doivent pas être prétextes à l'immobilisme, face à la vive concurrence des pays émergents. Dans le combat pour la préservation de notre modèle social, la reconquête de la compétitivité, chacun doit prendre sa part d'ajustement.

Le diagnostic pour la France est clair : rompre avec l'addiction à la dépense publique. C'est dans cette optique que le Gouvernement a adopté de façon transparente ses perspectives, transcrites dans un programme fait de réalisme et de prudence. A partir de 2010, l'économie française a retrouvé une croissance dynamique : plus 0,9 % au premier trimestre 2011, même si l'activité s'est ensuite ralentie en fin d'année, sous l'effet de tensions sur le marché et d'une crise de la dette souveraine qui auraient pu nous ramener aux jours noirs de 2008.

La France, dans ce contexte, est le seul grand pays qui ait connu une croissance positive sur tous les trimestres, depuis le deuxième trimestre 2009. Le PIB a crû de 0,2 % au quatrième trimestre, contre une baisse de 0,3 % dans la zone euro. Pour l'ensemble de l'année, notre croissance s'établit à 1,7 %, conformément à notre prévision d'août. Grâce aux efforts engagés depuis deux ans, nous avons atteint nos cibles de réduction du déficit, tout en préservant notre modèle social. Des signes d'amélioration se sont fait sentir début 2012, qui a vu le retour de la confiance des ménages et des entreprises.

Tout cela n'est pas le fruit du hasard, mais de l'action déterminée des chefs d'Etat et de gouvernement : ils ont su apporter une réponse à la crise grecque et doter la zone euro d'un pare-feu. Les deux opérations exceptionnelles de refinancement mises en place par la BCE ont également atténué les tensions sur les marchés.

Le dernier trimestre a été marqué par une bonne résistance, au point que les hypothèses de croissance pour 2012 sont révisées à plus 0,7 %, avec un acquis qui est déjà de 0,3 % - 0,5 % selon l'INSEE. Ne pas relever ces hypothèses aurait alimenté le pessimisme, de même que fixer la barre plus haut nous aurait valu des critiques. La montée en puissance de la croissance, prévue à 1,75 % en 2013, permettra de combler l'écart qui s'est creusé. L'économie française progressera à son rythme potentiel.

Prudence et détermination nous guident dans la fixation des prévisions macroéconomiques comme dans la réduction du déficit budgétaire. C'est ainsi que l'ensemble des dépenses publiques, Etat, sécurité sociale et collectivités locales, est pour la première fois, resté stable en volume en 2011. Je me félicite que notre déficit se soit établi à 5,2 % contre 5,7 %. Le respect de la trajectoire de retour à l'équilibre s'appuie sur un plan d'effort de 115 milliards d'euros, fondé sur des hypothèses de croissance réalistes, le respect de normes de dépenses et la suppression des niches fiscales et sociales les moins performantes ; 72 milliards ont déjà été votés dans les précédentes lois de finances, 39 en dépenses et 33 en recettes : les deux tiers de l'effort de consolidation sont documentés.

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