Intervention de Jean-Yves Le Déaut

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 18 janvier 2012 : 1ère réunion
L'innovation à l'épreuve des peurs et des risques — Examen du rapport

Jean-Yves Le Déaut, député, vice-président de l'OPECST :

Qu'avons-nous appris grâce à ce travail de fond ? Quelles hypothèses avons-nous confirmées ? Quelles nouvelles idées avons-nous trouvées ?

L'innovation a de nombreuses facettes : elle peut être technologique (de produit et de procédé), organisationnelle, sociale, concerner le marketing,... Par exemple quand Nespresso vend à la fois la machine à café et la seule capsule qui va avec, c'est une innovation marketing, que l'on soit pour ou contre. Elle est nécessaire, et il faut lever les freins qui la ralentissent.

Il est clair que tout commence à l'école. La peur de l'échec, que l'on inculque à nos enfants dès le plus jeune âge, ne va pas dans le sens de la créativité, du goût de la prise de risque, de l'esprit entrepreneurial.

Notre première série de recommandations place donc l'innovation au coeur de la rénovation de l'enseignement primaire et secondaire.

Elle a pour objectif de mettre l'accent sur la nécessité de susciter dès l'école l'envie de connaître et de comprendre. Nous avons en effet été très frappés par l'impact des actions entreprises par des associations telles que La Main à la Pâte, dont les membres vont dans les écoles pour développer l'intérêt pour la science et les technologies, à partir d'une pédagogie vivante de l'expérimentation et de la réflexion.

Le goût d'innover qui peut être développé très tôt chez l'enfant, dépend aussi de la manière dont il est stimulé aux différents niveaux de l'enseignement. Il faut donc des enseignants mieux sensibilisés aux enjeux de l'université et aux innovations pédagogiques. Il faut plus de Travaux Pratiques Encadrés (TPE) à l'école, dans plus de classes, et plus en lien avec le bassin local d'entreprises. Pourquoi ne pas développer le TPE sous un format proche de celui de l'alternance, qui permet à aux élèves de découvrir le vivier économique et social de sa région quelques heures par semaine, en menant un projet pluridisciplinaire en groupe ?

L'enseignement supérieur fait l'objet de notre deuxième recommandation. L'autonomie des universités est une chance à saisir pour stimuler l'innovation.

Quelques universités ont utilisé les possibilités qu'elles avaient pour se rapprocher. C'est notamment le cas en Haute Savoie et en Lorraine. Ces efforts de rapprochement doivent être encouragés. Il faut par ailleurs renforcer les capacités de gestion des universités. La gouvernance doit être plus dynamique et plus démocratique par l'élection du président sur un mode de scrutin de type régional avec prime majoritaire. Nous préconisons la « collégialité » et cela ne signifie pas un retour à un processus de décision à 40, mais un président légitime qui s'entoure de vice-présidents en charge des différentes missions de l'université.

Pour ce qui est du doctorat, notre troisième recommandation, il doit être reconnu comme une expérience professionnelle. Comme l'a dit Claude Birraux, nous avons eu, tout au cours de l'année, beaucoup de contacts avec des doctorants, des docteurs, et des associations de docteurs.

Il faut améliorer la visibilité de leurs travaux. Il faut qu'ils aient l'occasion de présenter leurs thèmes de recherche devant des entreprises : l'université doit se placer au coeur du processus de recherche et d'innovation en mettant en avant les talents qui la composent. Il faut favoriser l'interdisciplinarité et décloisonner.

Les concours de la fonction publique doivent offrir des options scientifiques ; il faut que les administrations s'ouvrent aux sciences et aux scientifiques.

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