Intervention de Claude Birraux

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 18 janvier 2012 : 1ère réunion
L'innovation à l'épreuve des peurs et des risques — Examen du rapport

Claude Birraux, député, premier vice-président de l'OPECST :

L'ouverture, l'interdisciplinarité, une meilleure organisation de la carrière des docteurs, voilà des moyens privilégiés pour dynamiser la recherche et permettre de changer les mentalités, pour ne plus opposer entreprises et universités, public et privé.

Les étudiants et doctorants sont plus enclins à être créatifs s'ils sont encouragés dans cette voie, s'ils en tirent des avantages en termes de perspectives de carrière, si l'organisation même de l'université leur offre les moyens d'avoir des contacts avec les entreprises et, éventuellement, de créer leur propre entreprise.

Dans le même esprit, notre quatrième recommandation porte sur l'élargissement des critères d'évaluation de la recherche, pour ne pas défavoriser les équipes interdisciplinaires. Les critères doivent être clairs, lisibles, et à terme harmonisés au niveau européen.

Il faut prendre en compte toutes les activités du chercheur, de la recherche pure à l'expertise, en passant par la valorisation et la diffusion de la connaissance. Tout cet édifice est nécessaire pour, à terme, une valorisation des résultats de la recherche bien plus efficace.

La valorisation de la recherche constitue notre cinquième axe de recommandations.

Notre questionnaire aux docteurs que vous trouverez en annexe du rapport le montre clairement : si la France dispose d'un réel potentiel, il est mal utilisé, et l'innovation et le transfert de technologies y sont moins dynamiques qu'à l'étranger.

Les structures mises en place depuis quelques années pour valoriser la recherche doivent évoluer en s'inspirant des modèles qui ont réussi à l'étranger.

Nos universités doivent s'approprier une fonction nouvelle de la valorisation qui doit être vue comme un service à la société. Ce concept peut sembler être un changement mineur, mais en réalité il constitue un changement de paradigme. En effet, l'université, et plus précisément sa fonction de valorisation de la recherche, ne sont plus uniquement vues sous l'angle de leur impact économique, mais par leur rôle vis-à-vis de leur environnement et des citoyens. Si la recherche doit générer de la valeur, cette valeur doit également être une réponse aux besoins exprimés par la société, et l'université doit s'assurer que le citoyen trouve sa place dans le processus d'innovation.

La valorisation de la recherche doit devenir un chantier prioritaire, d'autant plus que les moyens à mettre en oeuvre sont connus. Nous les décrivons dans notre rapport, en nous appuyant sur les exemples de Louvain la Neuve, de Leuven, de Twente, et d'Heidelberg. Ces universités ont réussi à adapter en Europe l'expérience des Etats-Unis, celles d'Harvard, du MIT, du Triangle de la recherche en Géorgie et en Caroline du Nord. Ces exemples européens ont abouti à des résultats remarquables.

Les solutions qui y sont mises en oeuvre sont très proches : elles reposent largement sur la mise en place dans les universités d'offices de transfert de technologie composés de professionnels de la valorisation : juristes pour les brevets, industriels pour la faisabilité, économistes et financiers pour le business plan.

Prenons conscience que les fonctions qu'ils peuvent remplir n'ont pas été identifiées en France. Dans nos universités, seules une ou deux personnes sont en général chargées de la valorisation de la recherche. Or ces fonctions sont essentielles pour identifier, dans les laboratoires mêmes, des brevets qui pourraient être déposés, pour aider les chercheurs dans le processus de création et de gestion d'une start-up, pour créer des liens entre chercheurs, managers, financiers, juristes et économistes.

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