Je vous prie de bien vouloir excuser le président Carrère qui aurait souhaité être parmi nous. Il a malheureusement eu un contretemps avec son avion en provenance de Pau. Je vous remercie de revenir pour la deuxième fois devant notre commission pour faire le point sur la situation au Nord-Mali et à Bamako. Nous vous avions demandé le 21 février dernier d'exposer la position française devant une situation qui nous paraissait particulièrement préoccupante.
A l'époque, le président Amadou Toumani Touré, dit ATT, était au pouvoir, les élections au Mali étaient prévues pour le 29 avril, la rébellion touarègue ne maîtrisait qu'un tiers du Nord-Mali. Nous étions alors préoccupés par les conséquences de la rébellion sur l'intégrité territoriale du pays et sur le respect du calendrier électoral. Dans la communication à la commission que nous avions faite avec mon collègue Gournac à la suite d'un certain nombre d'auditions dont celle d'un représentant du MNLA, nous avions même évoqué les risques de coup d'état. Malheureusement, la suite a prouvé que nos inquiétudes étaient fondées.
Aujourd'hui la rébellion touarègue menée par le MNLA, secondée par le mouvement islamiste Ansar Dine ainsi que par des forces liées à AQMI, maîtrise l'intégralité du Nord-Mali, c'est-à-dire un territoire aussi grand que la France. Le MNLA a même déclaré unilatéralement l'indépendance de l'Azawad.
Dans le même temps, comme vous le savez, une junte militaire menée par le capitaine Sagono a renversé le pouvoir le 22 mars dernier.
La situation évolue très rapidement puisque ce week-end le plan de transition proposé par la CEDEAO a été accepté par la junte. Il prévoit le rétablissement de l'ordre constitutionnel. Le Président ATT aurait officiellement démissionné dimanche, et a été remplacé par la présidence intérimaire du président de l'Assemblée nationale, M. Dioncounda Traoré. Les sanctions de la CEDEAO ont été levées. Dans le même temps la présidence du conseil de sécurité de l'ONU a souligné sa profonde inquiétude à propos de « la menace terroriste grandissante dans le nord du Mali due à la présence parmi les rebelles de membres d'Al-Qaïda », et une condamnation ferme « de toute violence et pillage, y compris contre des travailleurs humanitaires, et le rapt de diplomates algériens à Gao ».
Dans cette situation, Monsieur le Ministre, nous souhaiterions savoir quels sont, pour la France, les scénarios de sortie de crise, car le rétablissement de l'ordre constitutionnel est une première étape. Reste la question du Nord-Mali et celle de l'organisation des élections.
Nous avons évidemment beaucoup d'interrogations. Quel est le bilan du coup d'état ? Quelle est la situation au Nord-Mali ? Quel est le poids respectif des islamistes et des forces touarègues traditionnelles ? On parle de 2 000 combattants pour le MNLA, de 150 pour Ansar Eddine et de 500 pour AQMI. A-t-on des nouvelles de nos otages ? Quelle peut être la contribution d'une force militaire de la CEDEAO ? La reprise par les armes du Nord-Mali est-elle un objectif pertinent ? Quelles sont les conséquences de la situation sur la stabilité du Niger et de la Mauritanie ? Quelle est la situation sécuritaire pour nos ressortissants ? Peut-on imaginer que des forces françaises interviennent au Mali ? Voilà les premières questions auxquelles nous souhaiterions que vous apportiez une réponse.