Je partage l'opinion selon laquelle il faut bien distinguer les forces du MLNA des islamistes et promouvoir le dialogue entre les autorités maliennes et le MLNA. Je crois effectivement que cette crise est tout à fait importante pour l'avenir du Sahel.
Les enjeux liés à la mise en oeuvre d'une politique globale de développement sont stratégiques pour la paix et la sécurité aussi bien au Sud qu'au Nord. Vous avez tout à fait raison d'estimer que le sous développement et la pauvreté constituent le terreau le plus favorable au terrorisme. C'est bien pourquoi la politique de coopération au développement constitue un instrument stratégique en faveur d'un monde plus sûr. Au niveau international, nous devons prendre conscience du fait que nos finances publiques ne permettront pas en l'état de répondre aux enjeux du développement de demain. L'Afrique connaîtra en particulier un doublement de sa population d'ici à 2050. Il s'agit d'un défi considérable. Aujourd'hui l'aide publique au développement représente 130 milliards de dollars. Il faudrait pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement 100 milliards supplémentaires par an auxquels il faudrait ajouter 80 milliards annuels pour lutter contre le réchauffement climatique. Nous n'arriverons pas à dégager ces financements sans mettre en place de nouveaux financements innovants. C'est pourquoi je crois que l'instauration d'une taxe sur les transactions financières au niveau mondial constitue une priorité majeure.
S'agissant du Sahel, nous avons milité pour une stratégie européenne de développement et de sécurité avec un budget de plus de 600 millions d'euros. Malheureusement, les problèmes de sécurité n'ont pas permis de mettre en oeuvre cette stratégie.
A l'ONU, la France pourrait, si la CEDEAO et le Mali le décidaient et si le processus politique échouait, saisir le Conseil de sécurité afin de donner un mandat à la CEDEAO, via une résolution, pour déployer une force localement.
Pour revenir à la question de l'aide publique au développement, les chiffres français qui sont parus dernièrement illustrent une légère diminution de notre effort en proportion du revenu national brut. Contrairement à ce qu'on peut lire ça et là, il s'agit d'une diminution optique qui correspond à la fois à la sortie de Mayotte, du champ d'application de l'APD et d'une diminution des annulations de dettes. Je ne sais pas à quelle échéance nous arriverons à l'objectif des 0,7 % mais ce qui compte, c'est la tendance qui est à l'augmentation continue de notre effort. L'effort budgétaire de la France en faveur du développement a été maintenu sous ce Gouvernement, je souhaite que cela soit encore le cas à l'avenir en dépit de détérioration de la situation des finances publiques.