Sans doute. Le « mur d'eau » est un phénomène classique dans les Alpes ou aux Antilles, mais il fut cette fois d'une ampleur inédite. On possède une seule photo d'une vague torrentielle ; elle a été prise en 1987 dans les Alpes suisses, à Zarvagria. La vague ne se déclenche pas nécessairement à cause de la rupture d'embâcles mais par des effets de concentration, c'est un phénomène physique assez classique qui se déclenche sur des écoulements discontinus par des effets d'entraînement de matériaux (boues) de densités différentes.
Sur l'Argens, le « mur » a probablement été aggravé par la mise en charge de réseaux karstiques et l'amorçage de siphons. Le sol est imperméable, mais comporte des failles : des rivières souterraines se forment et ressurgissent. C'est un phénomène bien étudié dans la région, notamment à Saint-Cassien.
La prévision restait à organiser aussi bien sur la Nartuby que sur l'Argens. Aujourd'hui, le problème est réglé. Mais les modèles de prévision ont leurs limites pour ces crues à cinétique rapide.
Du 14 juin au 16 juin, six alertes fax et quatre alertes SMS ont été lancées ; mais l'alerte n'a pas été comprise, ou n'a pas été prise au sérieux, l'information n'a pas correctement circulé, il y a eu des problèmes également sur les réseaux téléphoniques. Malgré tout, certains établissements publics ont pris leurs précautions, comme la prison. On a évacué préventivement les détenus du rez-de-chaussée, avant que la vague n'arrive : autrement, c'eût été la catastrophe.