Intervention de Régis Aubry

Commission sénatoriale pour le contrôle de l'application des lois — Réunion du 29 février 2012 : 1ère réunion
Droits des malades et à la fin de vie — Audition de M. Régis Aubry président de l'observatoire national de la fin de vie

Régis Aubry, président de l'Observatoire national de la fin de vie :

Je l'ai dit, les structures palliatives existent aujourd'hui, mais il reste à en diffuser la culture parmi tous les soignants. Les unités de soins palliatifs accueillent les patients dont l'état est le plus complexe, ceux qui sont affectés de douleurs réfractaires. Il ne faut pas laisser croire que la mort puisse être facile et agréable : mourir, c'est toujours souffrir. Une des missions des médecins est aujourd'hui d'empêcher la douleur physique, mais quant à la souffrance existentielle et spirituelle, aucun médecin ni aucun médicament ne l'apaisera jamais. Si l'on parvenait à l'éliminer, c'est l'homme que l'on ferait disparaître !

Arrêter le traitement, ce n'est pas arrêter les soins : c'est le devoir de tout homme que d'offrir des soins à son alter ego qui souffre. Les soins palliatifs s'imposent, quel que soit le cadre. Monsieur Jean-Pierre Godefroy a raison de dire qu'il ne fallait pas les opposer à l'euthanasie. Il ne faut pas non plus verser dans l'acharnement : un patient en fin de vie a besoin qu'on le laisse en paix, et le rôle des soignants est de satisfaire ce besoin d'isolement tout en évitant la solitude.

Le suicide relève du choix de chacun. Mais contrairement au suicide, l'euthanasie implique l'intervention d'un tiers. Lors d'une audition, Monsieur Robert Badinter s'est montré très éclairant à ce sujet : il est impossible d'interdire le suicide, mais il faut se poser la question de l'implication personnelle. Ce que l'on attend des autres, il est difficile de le faire soi-même. Eh bien, si c'est difficile, parlons-en.

Quant aux moyens de l'Observatoire, je demanderai ce soir au comité de pilotage d'élargir nos missions pour que nous puissions réaliser des enquêtes.

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