Merci à M. Laménie de son intérêt pour la vie de l'entreprise artisanale. Elle a, c'est vrai, du mal à recruter. Et puisque vous avez pris l'exemple du bâtiment, je peux vous dire que ces difficultés persistent en temps de crise. Pourquoi ? Parce que toutes les institutions de formation confondues - depuis l'éducation nationale, en passant par les chambres de commerce, jusqu'aux maisons familiales rurales - fournissent 50 000 jeunes formés par an quand, même en temps de crise, il en faudrait le double.
Contrairement aux idées reçues, nos salariés sont très qualifiés, capables d'autonomie dans leur travail. Quand un artisan plombier vous envoie deux ouvriers pour changer vos radiateurs, il faut qu'ils sachent se débrouiller, s'adapter au chantier et, croyez-moi, cela ne court pas les rues.
La transmission des entreprises ? Voilà un vrai problème. Je reconnais qu'une part nous en est imputable, et c'est pourquoi l'UPA mène un travail pédagogique auprès de ceux qui partent en retraite pour les inciter, surtout s'ils n'ont pas de successeur dans leur famille ou parmi leurs salariés, à laisser un outil de travail impeccable, qui puisse intéresser un repreneur. Les leaders des deux grandes formations politiques françaises ont insisté sur le manque d'investissement dans nos entreprises. Il se trouve que dans notre brochure « Penser autrement », nous demandons qu'on crée un fonds de développement de l'artisanat, alimenté par redéploiement de ressources du fonds d'intervention pour les services, l'artisanat et le commerce (Fisac) et une part de garantie d'emprunt - dont je rappelle qu'elle est à l'heure actuelle apportée aux banques et non pas aux entreprises... Un tel dispositif permettrait, sans coût supplémentaire, de combler le vide laissé par les banques qui se sont détournées du financement des entreprises. Ce dispositif, qui fait partie de nos vingt-huit propositions, concernerait un million d'entreprises, trois millions de salariés.
Sur le passage de la TVA à 7 %, pour le bâtiment, nous regrettons le manque de pédagogie. On a commis une erreur psychologique. Depuis, le dialogue avec Bercy a éclairé les choses et on a trouvé le bon point d'atterrissage. Un travail d'explication préalable aurait évité bien des frayeurs et des coups de sang. Les boulangers rencontrent d'ailleurs le même problème. Il faut discuter avant, comme en Allemagne...
Nos entreprises du bâtiment réalisent entre 35 % et 40 % des marchés publics. Pour leur en garantir l'accès, il faut s'assurer que les formules de dévolution - par allotissement plutôt que par marché en entreprise générale - optimisent la compétition à un maximum d'entre elles. Si les artisans ne peuvent se porter candidats, la concurrence s'en trouve limitée.
Rien n'empêche en effet, madame Procaccia, de donner un coup de pouce aux salaires, sinon la réalité économique : dans l'artisanat, les marges sont faibles. Or, la réduction annoncée sur les cotisations patronales famille touchera surtout des salaires déjà concernés par les réductions Fillon, et ne nous apportera pas assez de marge pour que nous puissions la répercuter sur les salaires.