L'exposition Matisse, que nous avons eu l'honneur de vous faire découvrir, est emblématique car elle réunit des chefs d'oeuvre du peintre, mais aussi des séries, des paires, et représente à ce titre un défi curatorial. Il s'agit d'un angle de l'histoire de l'art qui n'avait jamais donné lieu à une exposition auparavant. En outre, cette exposition est représentative du Centre Pompidou de par sa dimension internationale, et son accessibilité à un très large public. Elle s'inscrit ainsi dans la logique de médiation et la mission qui sont celles de l'établissement public.
Le bilan des cinq dernières années démontre le succès de notre démarche stratégique :
- la fréquentation a augmenté de 40 % pour atteindre 3,6 millions de visiteurs ;
- l'innovation culturelle a guidé le lancement de plusieurs projets : le premier espace dédié aux adolescents de 13 à 16 ans, le Centre Pompidou-Metz avec 1,3 million de visiteurs à ce jour, le Centre Pompidou Mobile, premier musée nomade au monde, ou encore le festival annuel de la création contemporaine dont la troisième édition a accueilli gracieusement 80 000 visiteurs en trois semaines ;
- la gestion maîtrisée de l'établissement a produit des effets. Elle s'est déclinée à travers la gestion des effectifs, les contraintes imposées par la révision générale des politiques publiques (RGPP) - avec une diminution de 1,5 % du plafond d'emploi - ayant entraîné la suppression de 52 emplois en trois ans. Cette politique ne pourra pas être poursuivie encore plusieurs années compte tenu des tensions qu'elle crée. La gestion maîtrisée est aussi budgétaire, avec un taux d'autofinancement qui est passé de 20 à 31 % en cinq ans : les recettes propres ont cru de 50 %, tandis que l'État a diminué sa subvention de fonctionnement, soit une baisse de 5 % en 2011 représentant 3,5 millions d'euros.
Cette dynamique constitue une fierté et invite à aller plus loin, à engager des réformes plus profondes encore. Je vois deux enjeux principaux :
- la mondialisation, puisque la création contemporaine est devenue un phénomène global. Il s'agit donc de définir une stratégie internationale pour que le développement de la collection réponde à ce mouvement ;
- le maintien de l'unité de la collection en répondant au défi d'une plus grande monstration. La collection du Centre Pompidou, qui est unique au monde en matière d'art moderne, s'accroît de 2 % chaque année, ce qui implique de réfléchir à de nouveaux modèles de sites « hors les murs ». On pourrait envisager une voie médiane entre le Centre Pompidou Mobile, qui reste trois mois dans une collectivité, et le Centre Pompidou-Metz, institution permanente inscrite dans la durée. Il s'agirait d'investir des lieux existants (universités, gares, etc.) pour trois ou quatre ans, soit à l'étranger, soit en France dans des conditions correspondant aux obligations de service public.