Intervention de Jean-Claude Yoyotte

Délégation sénatoriale à l'Outre-mer — Réunion du 17 avril 2012 : 1ère réunion
Audition des présidents des comités régionaux des pêches maritimes et des élevages marins des départements d'outre-mer

Jean-Claude Yoyotte, président du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Guadeloupe :

La Guadeloupe compte 878 navires et 1 677 marins pêcheurs embarqués. Les navires ont pour la plupart une longueur de moins de 12 mètres : il s'agit ainsi d'une pêche très artisanale, qui doit être accompagnée.

10 000 tonnes de poisson sont débarquées annuellement, pour une consommation locale de 16 000 tonnes : la consommation est donc couverte à 70 %. Nous pourrions faire mieux sans les restrictions portant sur la construction de navires : nous pourrions effectuer des captures plus importantes de poissons pélagiques, ce qui par ailleurs limiterait l'exploitation de la ressource sur le plateau continental. L'interdiction des subventions à la construction va en effet à l'encontre des objectifs de l'UE, le plateau continental étant surexploité. Nous souhaitons donc que l'UE revienne sur cette interdiction dans le cadre du FEAMP.

Le prix du carburant constitue un gros handicap. Un navire de pêche brûle chaque jour entre 250 et 400 litres d'essence, au prix de 1,07 € par litre, avec cinq sorties par semaine. Cela représente un coût très important pour les marins-pêcheurs, alors que, sous la pression de la concurrence des pays voisins, le prix du poisson est figé depuis dix ans. Le pouvoir d'achat a donc diminué très sensiblement.

Nous ne formulons pas de demandes utopiques : les RUP constituent, pour l'UE, un laboratoire de pêcheries innovantes et respectueuses de l'environnement. En nous privant de moyens, l'UE se prive elle-même d'un modèle qu'elle pourrait exporter. La pêche industrielle devant être sujette à de plus en plus de restrictions, la pêche artisanale et l'aquaculture constituent en effet l'avenir. L'Europe a tout intérêt à les favoriser.

La pêche a aujourd'hui en Guadeloupe un poids économique supérieur à celui de la canne et de la banane réunies. La banane a été fortement soutenue ; aujourd'hui, il faut soutenir la pêche, secteur important de l'économie. Les charges sociales ne sont bien souvent pas honorées, car les pêcheurs nourrissent prioritairement leurs familles, et une partie de cette pêche reste donc « informelle ».

Nous espérons que cette audition produira des résultats concrets.

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