On fixe des règles et on essaie de les appliquer. Je pense que chacun joue son rôle et que les puissances publiques ont parfaitement raison de veiller à combattre le contournement de la législation Le monde est cupide, cela ne fait aucun doute ! Nul n'est besoin de lire mes livres pour savoir que l'argent est devenu, sinon le signe absolu, du moins un signe de trop grande taille dans la construction des existences personnelles.
Pour moi, toute la question est de savoir si nous avançons vers quelque chose qui nous fait progresser dans le sens de la plus grande transparence et de l'appréhension des assiettes fiscales. Je pense que des moutons noirs ou des banques plus ou moins sérieuses il y en aura toujours. Ce que j'ai noté en rejoignant Citigroup, c'est que cet établissement avait rencontré de très graves difficultés, avait dû être soutenu par le gouvernement américain, avait, ensuite, fait des efforts énormes pour rationaliser son dispositif, réduire son bilan et se concentrer sur les activités les plus utiles aux entreprises. Comme un autre banquier l'a dit ici, les gens cherchent très souvent à faire de l'optimisation fiscale. Mais il faut savoir où est la limite. À quel moment passe-t-on de l'optimisation fiscale à la véritable évasion fiscale, qui ne trompe pas forcément les textes, mais qui trompe en substance l'esprit des lois ?
Ce que je voulais dire dans mon propos introductif, c'est que les capacités d'optimisation fiscale ont énormément progressé et que les règles d'optimisation se sont resserrées. Mais, l'un dans l'autre, il y a deux phénomènes qui vont en sens inverse. Et je pense que les opportunités d'optimisation dans ce monde complètement ouvert ont été plus fortes que la rationalité des systèmes fiscaux ainsi que l'efficacité du contrôle fiscal pour éviter que cela n'aille trop loin. Voilà ce que je pense de la situation actuelle.