Intervention de Olivier Garnier

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 20 juin 2012 : 1ère réunion
Table ronde sur les enjeux du développement du système bancaire parallèle

Olivier Garnier, économiste en chef de la Société générale :

Je vais tenter d'être le banquier de la transparence et de la clarté ! Il faut distinguer deux sujets : d'une part la désintermédiation, c'est-à-dire le financement de l'économie par les « non-banques » ; d'autre part, le système bancaire parallèle.

Toute institution financière non bancaire n'est pas nécessairement une banque parallèle. Le système bancaire parallèle fait du crédit, de la transformation de maturité, produit un actif un peu équivalent du dépôt bancaire. Le facteur demande a beaucoup joué, notamment aux Etats-Unis : étant donnée la pénurie d'actifs liquides à investir, le marché s'est mis à en produire, notamment via la titrisation. Les investisseurs à long terme - fonds de pension, caisses de retraites, assureurs, hedge funds - ne sont pas des banques parallèles.

En France, contrairement aux États-Unis, ce sont les banques qui financent pour l'essentiel les entreprises. Les banques françaises font beaucoup de crédit à l'économie mais collectent assez peu de dépôts, en raison des spécificités de notre marché de l'épargne : livret A, fonds monétaires et assurance vie. Le doublement du plafond du livret A et la suppression du prélèvement libératoire, récemment annoncés, vont renforcer cette tendance : au moment où la réglementation incite les banques à rééquilibrer le poids des dépôts par rapport aux crédits, la collecte de dépôts bancaires et la distribution de crédit deviennent plus difficiles.

Il va donc falloir développer les financements non bancaires. Les ménages, qui produisent l'épargne, recherchent des investissements peu risqués et liquides, alors que le financement de l'économie exige des financements à long terme, peu liquides et risqués. Si les banques se retirent, il y aura soit une contraction de l'investissement, soit un développement de la partie non bancaire. Cela pose la question du développement de l'épargne à long terme, et surtout celle du transfert du risque.

En matière de réglementation, il y a deux écueils à éviter. Le premier, bien identifié, serait de faire coexister un secteur très régulé et un secteur qui ne le serait pas du tout, entraînant des arbitrages réglementaires et des distorsions de concurrence. Mais veillons également à ne pas imposer une réglementation trop uniforme. La finance a besoin d'éco-diversité, d'investisseurs aux comportements différents, qui ne soient pas tous pro-cycliques et court-termistes. La situation actuelle est paradoxale : la réglementation qui pèse sur les assurances les pousse à faire du crédit ; inversement, les banques se mettent à prendre des risques de marché à long terme !

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