La réglementation bancaire plus contraignante de Bâle 3 risque de développer le secteur bancaire parallèle, comme la prohibition a encouragé la vente d'alcool sous le manteau. La traduction de shadow est elle-même un enjeu : avec « caché » ou « parallèle », on ne dit pas la même chose.
Je me souviens du ratio Cook et du lancement de la titrisation par Pierre Bérégovoy... Quand le Crédit lyonnais s'est écroulé, il n'avait rien d'une banque parallèle, c'était une grande banque dirigée par la fine fleur de l'administration, comme d'ailleurs Dexia. Le vrai problème, c'est celui de la transparence. Comme le dit Jean Arthuis, le capitalisme c'est le risque, mais le risque ce n'est pas flouer tout le monde. Il faut une régulation qui n'étrangle pas le secteur parallèle, dont nous avons besoin - parallèle qui ne doit pas systématiquement être synonyme de risqué. Entre l'hypothèque sur la maison de la grand-mère et les subprimes, la marge est grande.
L'économie réelle doit pouvoir se financer directement sur le marché obligataire. Le rôle de ce marché est important : 20 % en Europe, beaucoup plus aux États-Unis. Si l'on compte uniquement sur des banques financées à 1 % par la BCE, et qui octroient des crédits autour de 5 %, alors qu'aux États-Unis une entreprise trouvera sur le marché obligataire à se financer à 3,5 %, il ne faut pas s'étonner d'être à la peine. Laissons le syndrome louis-quatorzien de la meilleure administration du monde !
Pour le reste je partage l'analyse de Jean Arthuis : on peut réguler le capitalisme sur le plan économique et, du point de vue politique, imposer une certaine moralisation. Il y a une différence entre ce qui est spéculation et ce qui ne l'est pas.