Intervention de Jacques Mézard

Réunion du 4 juillet 2012 à 15h00
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Photo de Jacques MézardJacques Mézard :

Comment imaginer maîtriser les marchés financiers sans consensus européen ?

À l’heure où dans le monde de grands empires se forment ou se reconstituent, seule l’échelle de l’Europe est pertinente, y compris jusqu’à Ankara. §

Pour les radicaux, la construction européenne demeure l’avenir dans une vision fédéraliste respectant l’identité nationale. Je n’ignore pas la sensibilité particulière de mon collègue Jean-Pierre Chevènement sur ce point et son analyse sur la crise de la monnaie unique.

Il n’en reste pas moins que le sommet européen des 28 et 29 juin ainsi que la volonté et la juste conviction du Président Hollande constituent un tournant positif que nous saluons, l’objectif étant de remettre la croissance et la décision politique au cœur du projet européen, de briser le cercle vicieux existant entre les banques et les États, le mécanisme de surveillance unique associant la BCE. Pourvu que cela dure ! Pourvu que cette nouvelle dynamique impulsée par la France l’emporte sur les vieux schémas technocratiques !

Les questions de société sont forcément au cœur de tout projet politique : pour nous, le principe constitutionnel qui symbolise les combats et les traditions de notre groupe, c’est la laïcité. C’est encore plus qu’hier un principe d’avenir, le moyen d’écarter la montée des communautarismes, de garantir la paix civile, le respect de toutes les opinions et de toutes les croyances. La République est laïque et aucune concession sur ce principe ne saurait être acceptée.

C’est aussi le moyen de faciliter la prise en compte législative des mutations sociales, du droit au mariage pour tous, de la politique d’immigration.

Parmi ces questions de société, celles qui concernent la justice et la sécurité sont préoccupantes. Nous avons combattu l’accumulation des lois sécuritaires ; nous comptons sur vous pour stopper cette inflation législative : moins il y a de lois, plus elles sont appliquées.

Monsieur le Premier ministre, merci d’avoir dit hier que l’ordre public n’est pas compatible avec la culture de l’instant. Pour nous, le laxisme n’est pas une solution, pas plus que la politique du chiffre.

Pour terminer, je voudrais simplement vous dire combien nous partageons la volonté du Président de la République et de votre gouvernement de faire de la jeunesse et de l’éducation la priorité du quinquennat. L’école de la République, c’est le fil rouge de la République. Rien de durable ne se fera sans reconstruire le socle de l’enseignement primaire. Savoir lire, écrire, compter, apprendre à respecter les autres, c’est la base de tout !

Faire que chaque enfant, quelle que soit son origine, quel que soit son lieu de résidence – je pense à nos banlieues, à nos départements ruraux – dispose des mêmes chances au sein de l’école publique : c’est le combat qui fut toujours le nôtre. Il marquera aussi, je l’espère, le succès de votre gouvernement.

Nous connaissons la difficulté et la grandeur de la mission qui vous est confiée.

Monsieur le Premier ministre, Sir Robert Walpole, l’un des fondateurs de la démocratie anglaise, disait : « Peu d’hommes doivent devenir Premier ministre, car il ne convient pas qu’un trop grand nombre sache combien les hommes sont méchants. » §Ce ne sera pas votre cas : nous pensons très majoritairement que vous avez la volonté, la capacité, le jour où vous cesserez vos fonctions, de laisser la Nation dans un meilleur état que celui dans lequel vous l’avez trouvée.

Nous sommes nombreux sur ces bancs à éprouver le même attachement que vous aux valeurs de notre République. Nous comptons sur vous pour la faire, avec nous, plus juste et plus belle. §

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion